King Gizzard & The Lizard Wizard
FLIGHTLESS/ PIAS
On finirait par croire que sa discographie n’est qu’un immense bingo dont le groupe s’empresserait de cocher toutes les cases. Après avoir tâté du rock psychédélique, de l’acid folk, du bubblegum, du jazz rock, de la musique microtonale et, dernièrement, du boogie robotique, Stu MacKenzie et son fol équipage s’attaquent désormais à un nouveau genre : le heavy metal du début des années 80, façon Slayer et Metallica. Pour son quinzième album en sept ans d’existence, King Gizzard a donc décidé de faire du thrash. Le rebond est plutôt bienvenu après “Fishing For Fishies”, disque mollasson sur lequel on s’était surpris à trouver le groupe trop sage et manquant de suite dans les idées. On ne peut en dire autant de cet album à la radicalité bienvenue dans lequel Stu MacKenzie renoue avec ses premières amours. Né à la musique avec Rammstein, Metallica et Sodom, l’Australien maîtrise les codes du genre à la perfection. L’absence de plusieurs membres du groupe, occupés à d’autres projets, lui a donné l’opportunité de réaliser ce vieux rêve (qu’il avait abandonné au lycée, faute de talent guitaristique) avec les deux forcenés du metal de la bande : le batteur Michael Cavanagh et le guitariste Joey Walker. Cette formation resserrée envoie neuf morceaux courts mais surpuissants, emplis de textes SF et de guitares frénétiques. Les musiciens sont excellents, le chanteur au poil. On a reproché au groupe de n’avoir que deux morceaux en magasin et de les décliner de mille façons, que cette réinvention permanente trahit une manière de renouveler la forme plutôt que le fond, mais, quand c’est aussi accompli et fun qu’ici, on ne peut qu’adhérer.
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ERIC DELSART