Black Pumas
COLEMINE/ PIAS
De la soul. Pas le trio hip-hop, ni nécessairement celle que l’on croit. De la soul texane et latine, précédée d’une incendiaire réputation scénique. Autant dire que le premier essai en studio du sextette d’Austin, dont le blaze renvoie instantanément aux Black Panthers, le groupe afroaméricain activiste de la fin des années 60, était attendu par ceux qui s’intéressent à la musique cinématique. “Black Pumas” marque la rencontre entre Adrian Quesada et Eric Burton, et tient d’abord du miracle ordinaire. Le premier, guitariste et producteur, s’est illustré avec des formations comme Grupo Fantasma et Brownout, mais a aussi croisé la route d’artistes aussi talentueux que Prince ou Daniel Johnston. Le chanteur, lui, buskait dans la rue, c’est-à-dire qu’il faisait la manche avec sa guitare, développant ainsi une impressionnante maîtrise vocale. Il y a du Sam Cooke, mais aussi du CeeLo Green chez ce type qui passe sans coup férir d’une octave à l’autre. Aussi inspiré qu’inespéré, l’univers authentiquement vibrant de ce premier album puise son énergie dans son environnement immédiat, plus que dans une nostalgie rétro faisandée. A l’aide d’un son mature et réaliste, Black Pumas possède la bonne vibration, en s’appuyant constamment sur la mélodie, celle avec la patine Motown. Mais il a aussi conscience que le rap du Wu-Tang Clan est passé par-là entretemps. Fluides, des chansons comme “Black Moon Rising” ou “OCT 33” rebondissent sur un groove proprement relaxant, mais toutes se révèlent aussi addictives qu’essentielles. De la dope, et de l’âme donc, celle dont les gens ont besoin.
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VINCENT HANON