Sheryl Crow
VALORY
Constatant les nouvelles manières de consommer la musique, Sheryl Crow a déclaré que “Threads” pourrait être son dernier album — sans toutefois cesser de pratiquer son art. C’est regrettable : associées, les chansons forment un tout, une oeuvre à facettes, bien plus que quand elles sont consommées séparément. Après celui en public, “Live At The Capitol Theatre” (2018), voici un disque de duos, préparé depuis plusieurs années. Chanteuse convaincante, guitariste douée, Sheryl Crow est tenue en haute estime par ses pairs, d’où des invités prestigieux. Même si la bien-pensance n’est plus à la mode, la Californienne interprète toujours des thèmes positifs. Elle reprend “Redemption Song” (Bob Marley) avec la voix de Johnny Cash (ce qu’a déjà fait Joe Strummer en 2003). Elle salue le rocker mystique par excellence, George Harrison, avec une version de “Beware Of Darkness” (1970) en compagnie du camarade Eric Clapton (qui a souvent joué le morceau). Dans la famille Nelson, elle demande le fils, Lukas (“Cross Creek Road”) et le père, Willie (“Lonely Alone”, impeccable). Pour chaque morceau, elle se condamne à une forme de perfection en recevant des sommités, Mavis Staple (“Live Wire”), Keith Richards (“The Worst”, puisé dans “Voodoo Lounge”). Emmylou Harris (“Nobody’s Perfect”, affirmation contredite par le mariage des deux voix), Kris Kristofferson (“Border Lord”)... Jason Isbell des Drive-By Truckers participe au morceau le plus dynamique, “Everything Is Broken”. Enfin, l’actuel président, traité de menteur, devrait se sentir visé par “Wouldn’t Want To Be Like You”. ✪✪✪✪ JEAN-WILLIAM THOURY