Lullabies For Catatonics
“A JOURNEY THROUGH THE BRITISH AVANT-POP/ART SCENE 1967-1974 ”
Grape Fruit (Import Gibert Joseph)
Précisément dix ans avant l’explosion punk, une autre révolution dynamita la scène musicale britannique. Elle se produisit dans les mêmes conditions chronologiques mais eut l’effet contraire : au lieu de resserrer les boulons, elle ouvrit toutes les vannes. Le psychédélisme, apparu avec “Tomorrow Never Knows” et “Rain” des Beatles, libéra les esprits et sortit la pop d’un carcan qui devenait un peu trop étriqué : que faire après les merveilles mélodiques des Beatles, Stones, Kinks et autres Who (sans parler, de l’autre côté de l’Atlantique, des mirages signés Brian Wilson) ? Sortir du format pop et se diriger vers des contrées plus aventureuses, cet underground, qui semblait alors offrir des possibilités infinies. C’est l’objet de ce coffret de trois CD qui montre l’évolution d’une certaine musique anglaise, entre 1967 et 1974. Psychédélisme, compositions soit plus élaborées, soit, au contraire, dilatées, explosées... C’est une idée intéressante, d’autant qu’à l’exception d’un titre de Genesis, un de Barclay James Harvest et un autre de Yes, les compilateurs ont eu le bon goût de ne pas se vautrer dans le rock progressif. En lieu et place de quoi, nous avons droit à Soft Machine, The End (produit par Bill Wyman), Dantalian’s Chariot (avec à la guitare, le futur policier Andy Summers), les Zombies, Third Ear Band, The Crazy World Of Arthur Brown, Giles, Giles & Fripp, Procol Harum, et même une version très jazz de “I’m Waiting For The Man” du Velvet Underground, chantée par un jeune David Bowie avec The Riot Squad pour le premier CD montrant les débuts de l’avant-garde. Sur le deuxième arrivent les Pretty Things (“Parachute”), Nirvana, premier du nom, Curved Air (pour un titre modestement intitulé “Vivaldi”...) mais aussi beaucoup de choses méconnues comme Samurai, Fuchsia, Spring, Cressida ou Mighty Baby (pour un intéressant “Egyptian Tomb”). Enfin, sur le troisième débarquent Matching Mole, Renaissance, et un certain retour à la pop avec 10cc, Mick Ronson ou Be-Bop Deluxe. Ce qui avait commencé bardé de louables intentions devrait finir dans les atrocités grandiloquentes du pire rock britannique des seventies (heureusement absentes de ce coffret même si on a droit à des groupes baptisés Gnome Sweet Gnome ou Gnidrolog...), qui finiront par engendrer, par réaction, le séisme punk évoqué plus haut. CQFD.