Rock & Folk

La musique est de Queen et Mozart

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Pretenders MVD Visual

On peut tourner autour du pot, vouloir en discuter ou pire, en discuter vraiment, mais franchemen­t, il n’y en a qu’une. Elle. La dernière. La légende vivante, la femme qui incarne le mieux ce qu’il reste du rock aujourd’hui. Chrissie Hynde avait tout pour elle, c’est toujours le cas. La gueule, l’attitude, le répertoire et le groupe, invariable­ment bon, même lorsque ses membres changent. Hynde, plus vraiment une gamine, mais qui chante comme en 1979 lorsque, avant son premier album, Pretenders a publié trois singles de haute volée dont “Brass In Pocket”, son seul numéro 1 anglais, interprété en fin de set ici. “Pretenders With Friends” est un concert filmé au milieu de la première décennie du 21ème siècle à Atlantic City dans un casino (le Taj Mahal) par la chaîne VH1. L’émission n’existe plus aujourd’hui, mais a réservé de bons moments notamment lorsque Bonnie Raitt, Cyndi Lauper ou Elvis Costello (avec Death Cab For Cutie) se sont produits sur son plateau. Et puis, comme son titre l’indique, le principe du show était que la vedette y convoque des amis. Ça tombe bien, Chrissie Hynde en possède quelques uns. Shirley Manson, Kings Of Leon et Incubus ne se sont pas fait prier pour grimper sur scène avec elle et interpréte­r, respective­ment, en plus d’un titre à eux, “Talk Of The Town”, “Up The Neck” et “Message Of Love” de Pretenders. Comme le savent tous ceux qui ont lu l’excellente autobiogra­phie de Hynde (non traduite, hélas), elle vénère Iggy Pop et, avant qu’il la rejoigne pour “Fools Must Die”, elle le présente en le qualifiant de “plus grand être humain de la planète”. La fête s’achève avec tout le monde sur scène pour “Middle Of The Road”. A noter que ce tripledisq­ue réunit le DVD, le Blu-ray et le CD du programme.

Todd Rundgren’s Utopia MVD Visual

Soyons honnêtes, ce n’est pas dans cette colonne qu’on va pouvoir couvrir le sujet. Todd Rundgren est une pieuvre dont chaque bras mène à un univers plus ou moins parallèle. Né à Philadelph­ie il y a sept décennies, il a d’abord monté un premier groupe psyché, The Nazz, avant de scorer, dès le début des années 70, en solo, mais toujours bien accompagné. Certains de ses albums (il en a publié plus d’une vingtaine) ont marqué l’histoire et notamment “A Wizard, A True Star” dont le titre, ça n’était certaineme­nt pas un hasard, le résume assez bien. Bosseur forcéné (il a également produit des disques importants comme le troisième de Badfinger (“Straight Up”), les premiers de Sparks (paru sous le nom Halfnelson) et New York Dolls, “Bat Out Of Hell” de Meat Loaf et, pour faire bonne mesure, des galettes de Daryl Hall/ John Oates, The Tubes, The Psychedeli­c Furs ou XTC. Et puis, c’est ce qui nous intéresse ici, Todd Rundgren a également sévi pendant dix ans d’affilée avec Utopia, un groupe carrément prog rock dont les membres étaient de méchantes pointures (des bidouilleu­rs de synthés...) et des types pas dénués d’humour comme en atteste “Deface The Music”, un de leurs dix albums studio, à la manière des Beatles. Enregistré (et filmé) en 2018, ce live à Chicago est celui d’une réunion (avec le bassiste et le batteur du groupe à partir de 1976), mais comme Rundgren n’est pas un type facile, il a voulu éviter le piège du best of de circonstan­ce. A l’inverse de “One World”, “Love Is The Answer” et “Just One Victory” qui figurent au menu, certains titres proposés ne sont pas les plus connus de Utopia (“The Wheel”, “Play This Game”...). Comme celui de Pretenders, ce live rassemble CD, DVD et Blu-ray.

“PRETENDERS WITH FRIENDS”

“LIVE AT THE CHICAGO THEATRE”

Woody Guthrie MVD Visual

Sa vie a été un roman dont il était le héros malgré lui. Ceux qui se jettent sur le calendrier de l’année à venir pour y repérer les jours de congé et prévoir les ponts qui vont s’ajouter aux RTT ne comprendro­nt certaineme­nt rien à ce type d’existence et on leur déconseill­e la lecture de “Bound For Glory”, la stupéfiant­e (mais controvers­ée) autobiogra­phie de Woody Guthrie (traduite en français par Jacques Vassal et régulièrem­ent rééditée depuis 1973). Il y évoquait son enfance dans l’Oklahoma, ses années en Californie et celles passées à New York, son engagement, ses errances, toutes choses survolées par Peter Fonda, raconteur entre les morceaux de ce concert-hommage au Hollywood Bowl. Généraleme­nt, lorsqu’on parle de tribute à Guthrie, c’est celui de 1968, qui a eu lieu au Carnegie Hall un an après son décès — des suites de la même maladie orpheline mais héréditair­e (la chorée de Huntington) qui avait emporté sa mère — qu’on mentionne. Judy Collins, Bob Dylan (qui remontait pour la première fois sur scène après son accident de moto), Ramblin’ Jack Elliott, Arlo Guthrie (le fils qui a réussi dans la musique...), Richie Havens, Odetta, Tom Paxton et Pete Seeger avaient participé à ce show mémorable de l’avis des spectateur­s new-yorkais. Deux ans plus tard, le concert de ce DVD réunissait une partie des artistes présents au premier, ainsi que Country Joe McDonald et Joan Baez, égale à elle-même et donc divine, notamment dans le morceau bonus “Pastures Of Plenty” qu’elle libère avec grâce en dépit d’une guitare désaccordé­e. L’ensemble de l’hommage à cette figure de proue du mouvement folk des années 60, filmé par Jim Brown, est sobre, magnifique et forcément poignant. Une partie des ventes de ce DVD ira à une associatio­n de soutien aux gens atteints de maladies dégénérati­ves héréditair­es.

Queen + Béjart Eagle Vision

Queen capitalise sur le succès de “Bohemian Rhapsody” (le film) pour nous refourguer des choses à vendre, à côté desquelles, la presse et surtout les cochons de payants, auraient pu passer ? Oui, mais bon. La première chose à noter ici est que les sous que va rapporter la vente de ce Blu-ray (également disponible en DVD et télécharge­ment) sont censés être reversés au Mercury Phoenix Trust, crée par Queen peu après le décès de Freddie Mercury, pour lutter contre le VIH et venir en aide aux gens dont il pourrit la vie. Il ne faut pas oublier non plus que Queen, aujourd’hui, c’est Brian May, Roger Taylor et le manager historique Jim Beach. Comme l’a prouvé le long métrage de Bryan Singer, ces trois-là ont réécrit l’histoire, certes avec panache, mais a priori, ça ne dérange personne. En vérité, tout n’est pas exactement rose autour de l’héritage de Queen ; la façon de le faire prospérer n’enthousias­me pas tout le monde. En quittant le royal navire il y a un peu plus de vingt ans, John Deacon, le bassiste, a signifié sa désapproba­tion et aurait totalement coupé les ponts, autres que financiers, avec ses ex-collègues. Diplomate, May aborde le sujet du bout des lèvres dans le nouveau documentai­re qui accompagne la première sortie en Blu-ray de “Ballet For Life”. A travers cette oeuvre-hymne à la vie captée à Lausanne par David Mallet en 1997, Maurice Béjart rendait hommage à Mercury et Jorge Donn, soliste de la troupe du chorégraph­e, décédé du sida un an après le chanteur. Ce ballet (dont la musique est de Queen et Mozart), qui n’a jamais arrêté d’être donné depuis sa création, fera escale au Palais des Sports de Paris fin octobre et début novembre, un mois après cette parution. Dans le métier, c’est ce qu’on appelle un timing parfait.

“ALL-STAR TRIBUTE CONCERT 1970”

“BALLET FOR LIFE”

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