Francofolies 10 AU 14 JUILLET, LA ROCHELLE
Les multiples facettes de la musique française étaient réunies en Charente-Maritime, y compris Jean-Louis Aubert et ses hologrammes.
Pendant cinq jours, les vieux murs de la Rochelle ont résonné au son de l’éclectique programmation de Gérard Pont. Savant dosage entre têtes d’affiche telles que M, IAM ou Gaëtan Roussel, capables de remplir la scène Jean-Louis Foulquier, concerts plus intimes, comme ceux d’Alain Chamfort ou de Jean-Jacques Debout, présentation des artistes issus des Chantier des Francos, et soirée thématique, consacrée cette année au metal, avec Ultra Vomit et Mass Hysteria. Entre deux shoots de décibels, le festivalier pouvait assister à des rencontres avec Jane Birkin animées par Didier Varrod, ou avec un Michel Houellebecq plus houellebecquien que nature qui évoquait une adolescence rythmée par Black Sabbath, les Stooges et Deep Purple. Le côté off offrait aussi de belles surprises, comme La Vague, duo mystique mêlant des influences hip-hop, metal et world. Parmi les concerts marquants, on retiendra celui de Radio Elvis, garçons sauvages experts en rage froide, avec ce plus que constituent les textes de Pierre Guénard. On aime les Francos pour les contrastes, quand se succèdent, sur une même scène, la pop pour matinée pluvieuse d’Alma Forrer, dont les audaces vocales rappellent parfois Jane B, et Kimberose, diva soul qui n’aurait pas déparé le catalogue Atlantic des grandes années. Le set de Hugh Coltman et son brass band fut plus moite encore. Cet Anglais échoué à Paris, truculent comme un Buster Pointdexter, rugueux comme un James Hunter, a de surcroit eu la bonne idée de s’entourer du guitariste Freddy Koella, formé à l’école DeVille/ Dylan. On pouvait aussi se replonger dans ses années lycée/ pataugas avec un Dick Annegarn révolté et grinçant comme au premier jour. Et puis, il y eut cette soirée magique : Jean-Louis Aubert, seul en scène, ou presque, accompagné d’hologrammes de lui-même et du “dragon”, une chaîne de pédales d’effets dont il use tel un laborantin démoniaque. La salle est debout dès le premier morceau, mais Aubert ne relâchera la pression qu’après le dernier rappel, deux heures trente plus tard. Photo Aurelle Bossan-DR