Absolutely live
Au bal des légendes
Les Déferlantes Sud de France 05 AU 08 JUILLET, PARC DE VALMY (ARGELES-SUR-MER)
Certaines choses ne changeront jamais.
Le site idyllique des Déferlantes d’Argelès, les températures caniculaires qui y règnent ou encore la délicieuse ambiance de début de vacances. Bien qu’entouré d’une pléiade d’instruments automatisés, M n’a pas changé non plus. Auteur d’un spectacle multifacette, Matthieu Chedid est une énorme boule disco qui illumine tout ce qui l’entoure : du visage ébahi des festivaliers aux cigales qui chantent dans la garrigue. Lui est certainement plus fourmi que cigale. Du genre à travailler sans relâche. La retraite ? ROGER HODGSON en ignore l’existence même. Aussi juste que mélancolique, le chanteur de Supertramp livre la prestation la plus remarquée de cette édition des Déferlantes. Malheureusement, au bal des légendes, tous n’auront pas été aussi flamboyants. Les B-52’S par exemple, venus comme ils sont repartis, en touristes. Ou encore les barbants ZZ TOP, avec un show sans saveur. La fraîcheur arrivera finalement avec DIDIRRI, jeune Australien à la gueule d’ange, dont le folk torturé finira de séduire les vacanciers des Déferlantes. BOBY ALLIN
Mavis Staples 5 JUILLET, CIGALE (PARIS)
A quelques jours de son quatre-vingtième anniversaire, plus rien n’arrête Mavis Staples, pas même le virage blues rock de son dernier album “We Get By”, qu’elle présente ce soir accompagnée d’un trio de musiciens et de deux choristes. Produit et arrangé par Ben Harper, ce dernier n’a pas manqué l’occasion de venir interpréter avec sa protégée deux chansons, dont le morceau-titre et “Love And Trust”. Belle soirée chaude où “Respect Yourself”, “The Weight” et “Touch A Hand, Make A Friend” rappellent le souvenir de cette institution américaine que furent les Staple Singers et dont Mavis conserve la flamme. La combattante montre qu’elle ne renonce à rien, surtout pas aux exigences de la scène. En rappel, un morceau récent, “No Time For Crying”, qui contient toute sa philosophie de l’existence :
“We’ve got work to do”, bel exemple de vie et de ténacité. CHARLES FICAT
Muse 6 JUILLET, STADE DE FRANCE (SAINT-DENIS)
Aux premières notes d’ “Algorithm”, une foule compacte s’agglutine vers la plateforme de l’avant-scène d’où sort un Matt Bellamy triomphant, guitare en main, prêt pour deux heures de show. Si quelques morceaux de l’inégal “Simulation Theory” fonctionnent à merveille en live (“Thought Contagion”, la version gospel de “Dig Down” ou le puissant “The Dark Side”), c’est sur les incontournables “Plug In Baby”, “Hysteria”, “New Born” et tous les titres pré-“The Resistance” que le public s’enflamme. Côté scénographie, on a vu mieux chez Muse. Pour cette tournée rétrofuturiste, les Anglais ont misé sur des danseurs funambules vêtus de néons et les casent à toutes les sauces. Un concert toutefois cohérent et efficace, qui n’a pas manqué d’âme.
CLARA LEMAIRE
Rod Stewart 6 JUILLET, ACCORHOTELS ARENA (PARIS)
La soirée est historique. Le dernier passage dans la capitale de Rod the Mod date de 1995 ! Dans un décor terriblement ringard et très Las Vegas, le chanteur, bien entouré par son groupe et six choristes multi-instrumentistes, pioche les titres dans l’ensemble de sa carrière, de “Tonight’s The Night (Gonna Be Alright)” à “The Killing Of Georgie (Part I And II)” en passant par le jubilatoire “It Takes Two”. On n’échappera pas à l’incontournable
“Da Ya Think I’m Sexy?”. Mais c’est avec la partie acoustique du show, le sublime “Handbags And Gladrags”, “Dirty Old Town”, et le beau à pleurer “Have I Told You Lately”, qu’on se rappelle à quel point l’Ecossais reste le meilleur chanteur de sa génération. BRIAG MARUANI
Lollapalooza - The Strokes 21 JUILLET, HIPPODROME DE LONGCHAMP (PARIS)
Sans nouveauté discographique depuis trois ans mais titillant la fibre nostalgique de leurs fans, c’est sur scène que les cinq new-yorkais ont donné douze rendez-vous en 2019 pour une tournée mondiale certainement très lucrative. A Paris, catapultés tête d’affiche du festival itinérant entre Migos et Nekfeu, les Strokes mettent immédiatement à l’aise les premiers rangs avec “Heart In A Cage” et “You Only Live Once”, tendus à souhait. Casablancas, vouté et cramponné à son micro, hurle ses démons sur “Reptilia” tandis que les quatre derrière alternent nervosité tout en retenue et rage nonchalante sur les classiques adolescents de “Is This It”. Malheureusement, d’improbables soucis techniques contraignent le quintette à amputer le set des fabuleux “Soma” et “Juicebox”. Frustrant, surtout après le final explosif de “Last Nite”. MATTHIEU VATIN
Gossip 8 JUILLET, SALLE PLEYEL (PARIS)
Après les séparations, les haines recuites et les albums solos, Gossip se reforme pour une tournée prétexte célébrant les dix ans de son album “Music For Men”. Au programme, seize titres exécutés avec politesse mais dont on ne retiendra finalement pas grand-chose. Ou si peu : une version saignante de “Listen Up!” entamée par une citation des Talking Heads, une autre très remontée de “Standing In The Way Of Control” et les monologues déconnants d’une Beth Ditto qui fait parler le bouton de fièvre qui lui dévore la bouche. Entretemps, il aura fallu endurer les reggaes impossibles (“Get Lost”), les synthés tocs et, en dessert, une reprise chantilly du “Careless Whisper” de George Michael. Qu’elles sont loin, les nuits fiévreuses de 2009, les cheveux collés au front. Et le coeur au bord des lèvres. Le temps qui passe, cette saloperie.
ROMAIN BURREL
Daryl Hall & John Oates 10 JUILLET, SALLE PLEYEL (PARIS)
Le dénouement de l’injuste procès en authenticité fait au duo ne sera pas pour ce mercredi : “Is It A Star”, présenté au public bien apprêté de Pleyel, est le seul non-tube d’une setlist courte à la forme de grosse anthologie. On se contentera donc de la crème de la pop soul, parfaitement égrenée et réarrangée à l’aide d’un sextette télépathe que les multiples problèmes de son, indignes d’une telle salle, ne prendront jamais à défaut. Il faut l’avouer, les cordes vocales du patron ont pris un coup depuis l’extraordinaire web-série “Live From Daryl’s House”, mais Hall est sidérant de maîtrise. Chaque piège posé en studio par son moi passé est élégamment franchi, sans triche, aucun ad lib ni falsetto ne manquera ce soir. Une magistrale leçon d’une heure vingt, montre en main, standing ovation incluse. JOHAN DALLA BARBA
Krafwterk 3D 11, 12, 13 JUILLET, PHILHARMONIE (PARIS)
Trois soirs avec les quatre de Düsseldorf pour conclure le festival Days Off en fanfare, au son des séquences électroniques de
Ralf Hütter, fondateur du groupe dont on va réentendre les classiques de ce “Catalogue” comptant huit albums. Dès “Numbers”, on est plongé dans l’ambiance éthérée de ces compositions rétrofuturistes, avec l’apport de projections 3D amenant un relief bienvenu à ce quartette immobile devant ses écrans. Le son est gargantuesque, les infrabasses bastonnent sur “Radioactivity” et “Planet Of Visions”. “Autobahn” est un trip, “Spacelab” une promenade spatiale. “Metropolis”, en soir deux et trois, remplace “Mini Calculateur” (soir un) et la version de “Tour De France” est splendide. Insolite et rarissime : le second soir, Ralf chante le vers “Meet Iggy Pop and
David Bowie in TEE” lors de la suite “TransEurope Express”. Les robots sont bien sûr présents pour “The Robots”, et Ralf tire sa révérence dans un français parfait (“Bonne
nuit, à bientôt”) après “Musique Non Stop” et deux heures de magie sans fausse note. OLIVIER CACHIN
Festival De Carcassonne Joan Baez 15 JUILLET, THEATRE JEAN-DESCHAMPS (CARCASSONNE)
Les trois mille personnes présentes dans le somptueux théâtre en plein air de la Cité de Carcassonne font une ovation à Joan Baez dès son arrivée, seule avec sa guitare. Elle entre dans le vif du sujet avec “Don’t Think Twice, It’s Allright”. Elle jouera cinq autres titres de Dylan, dont elle dit tout simplement qu’il est “le plus grand”.
Un sommet de ce concert magnifique sera d’ailleurs son interprétation de “Diamonds And Rust”, la meilleure chanson qu’elle ait jamais écrite — c’est elle qui le dit, mais on est d’accord — dédiée à son alter ego. Un grand moment d’émotion. Seule ou accompagnée de son groupe — son fils aux percussions, un multi-instrumentiste et une chanteuse d’appoint — elle alterne extraits de son dernier album et classiques qui se ramassent à la pelle : “Joe Hill”, “Here’s To You”, “The Boxer” ou... “Chanson Pour L’Auvergnat” de Brassens, repris en choeur par une foule conquise.
Le son est parfait, la voix aussi.
De quoi regretter ses adieux à la scène. STAN CUESTA
Binic Folks Blues Festival DU 26 AU 28 JUILLET, BINIC
Pour sa onzième édition, le petit festival qui n’arrête pas de grandir fait désormais partie des incontournables de l’été en France. Toujours gratuit, profondément humain et plus rock’n’roll que jamais, le festival de Binic a accueilli 70 000 festivaliers qui se sont dandinés au son de l’underground rock de tous horizons. Dans cette édition qui a fait la part belle aux groupes féminins (BABY SHAKES, DEATH
VALLEY GIRLS, MOODY BEACHES, entre autres), les plus attendus n’ont pas déçu. Bien lancé le vendredi par le tourbillon garage des SCHIZOPHONICS et le punk potache de King Khan et ses LOUDER THAN
DEATH, le festival a poursuivi le samedi par un bel enchaînement de groupes psychédéliques français avec SLIFT et GUADAL TEJAZ avant le grand show crétin des Australiens sexy de GRINDHOUSE. Mention spéciale à STEAL SHIT DO DRUGS, grand prix de la montagne du meilleur blaze. Le dimanche fut une journée de très bonnes surprises, avec les excellents DEWAERE (mené par le cuistot local) et les formidables CIVIC, révélations post-punk du week-end. C’était avant que les patrons
SLEAFORD MODS ne ferment la danse avec talent, pour une édition qui fera date.
ERIC DELSART