Rock & Folk

Un saurien et deux vauriens

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Iggy, ce mec ! Là. Violent. Instinctif et intelligen­t. Animal, ce n’est rien de le dire. Beau. L’insolence inchangée du gamin de Detroit. Gavroche aux yeux clairs, inquiétant­s et intenses, le corps en sang parfois. De ce gosse devenu homme mais jamais adulte, abîmé par les excès, à celui musculeux, apaisé enfin et parfois acteur, jusqu’au Iggy des publicités et du jazz, celui d’aujourd’hui. Le torse souvent nu et plus libre que jamais. Le visage marqué par ses batailles. Vivant. Barack Obama déclarait cela au moment de la disparitio­n de l’écrivaine Toni Morrison : “Quel cadeau d’avoir pu respirer le même air qu’elle”. C’est exactement ce que l’on ressent, ici, quand on parle d’Iggy pop.

Rien à voir. C’était il y a dix ans, le vendredi 28 août 2009. 22 h 30 environ. Sur les écrans du festival Rock En Seine, cette phrase : “A la suite d’une altercatio­n au sein du groupe le concert d’Oasis est annulé”. Le mot annulé est souligné. Le groupe se sépare de cette manière brutale, comme le fut son histoire. Achevant ainsi sa domination et mettant peut-être fin aussi au rock dans ce qu’il avait, en tout cas, d’excès et de clichés. Car il faut le reconnaitr­e aujourd’hui, Oasis cochait toutes les cases que la nostalgie de l’époque réclamait. Musique comprise. Un groupe de frères que beaucoup de choses opposent mais que la vanne brillante et peu correcte rapproche. Une enfance prolo, sous les coups d’un père tyrannique. Le chômage, les joints. L’envie viscérale de s’en sortir, comme les groupes adorés des années 1960, par la musique, dans une Manchester “des raves et des ecstasys”. Et l’ascension. Imparable. Fulgurante. Balayant le grunge d’un revers de main à bagouse au petit doigt et gourmette au poignet. Mettant Beatles et Sex Pistols au même programme ! Devenant planétaire. C’est ce que raconte le documentai­re “Supersonic” de Mat Whitecross, récemment diffusé par Arte situant, lui, la chute à l’apogée. Dès 1996. Après les concerts gigantesqu­es de Knebworth. Brillant. Depuis la rupture, Liam chante toujours merveilleu­sement, mais des chansons moins bonnes, pendant que Noel, lui, chante toujours aussi moyennemen­t, des chansons moins bonnes également. Ce qui interroge sur l’alchimie d’un groupe de musiciens, capables ensemble de merveilles impossible­s à reproduire seul. Les exemples sont innombrabl­es. N’est-ce pas Paul, Ray, Mick, Pete...

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