Manu solo
Après l’éclatement du groupe en 1994, chacun part de son côté. Le chanteur-guitariste voyage beaucoup, participe à divers projets comme La Caravane Des Quartiers, s’établit en Espagne et monte un nouveau groupe pour la scène (Radio Bemba). Adoptée par les radios et un large public, “Clandestino” sa première tentative solo en 1998 pulvérise les chiffres de vente antérieurs et les records (pour dépasser les trois millions d’exemplaires à l’international). Cet album l’impose comme une figure incontournable mais, d’une manière paradoxale, en tournant le dos à cette énergie échevelée qui était l’image de marque de la Mano : bien loin du rock, il met en avant ses influences exotiques en prenant le parti de la douceur. Entre-temps, Manu Chao a changé de positionnement et épousé l’évolution de son époque : la boule de nerfs d’autrefois ne jure plus que par la musique latina et le ragga, son look de squatter alternatif se pare maintenant d’attributs qui le mettent en phase, tout comme son discours, avec la mouvance altermondialiste qu’il soutient activement. La trouvaille de la production (de Renaud Létang et Manu Chao) est d’avoir totalement respecté l’aspect dépouillé des compositions, leur impact mélodique et la cohésion intimiste de l’ensemble : si des cuivres interviennent à quelques reprises pour appuyer le propos, l’essentiel se joue sans chichis, avec juste la voix, des choeurs, une guitare acoustique et des percussions discrètes. La réédition s’accompagne de trois inédits intéressants : une chute des séances d’enregistrement de l’époque retravaillée depuis (“Roadies Rules”), une chanson originale (“Bloody Bloody Border”) et, avec la participation de Calypso Rose, une nouvelle version de “Clandestino”, titre phare qui reste toujours autant d’actualité. H.M.
Réédition “Clandestino” (Because)