Twin Peaks
“Lookout Low” GRAND JURY
En 2012 débarquait Twin Peaks, groupe tonitruant, armé du charme et de la candeur couillonne des premiers Supergrass. “Sunken” et surtout “Wild Onion”, qui, à la réécoute, s’avère un des grands albums des années 2010, regorgeant de classiques instantanés (“Making Breakfast”, “I Found A New Way”, “Sweet Thing”, “Telephone”), plaçaient le groupe de Chicago dans la lignée bruyante du regretté Jay Reatard ; son successeur “Down In Heaven” s’orientait vers un classicisme de bon aloi (“Wanted You” et sa mélodie empruntée aux Troggs). “Lookout Low” pousse un cran plus loin cette tendance et affiche encore un peu plus l’obsession Rolling Stones de Twin Peaks (“Laid In Gold” pourrait être un inédit de la période “Beast Of Burden”, mâtiné d’un vibration Nouvelle-Orléans). Les Twin Peaks n’ont pas renoncé non plus au romantisme de pothead (“Better Than Stoned”), genre dans lequel Clay Frankel est passé maître (cf le superbe “Holding Roses” sur “Down In Heaven”). Plus arrangé, “Lookout Low” gagne en sophistication ce qu’il perd en impétuosité : les cuivres triomphants confèrent une ampleur nouvelle au psychédélisme latin du single “Dance Through It” (pourtant pas le meilleur titre de l’album). Les guitares sont somptueuses, et sur “Better Than Stoned”, Cadien Lake James sonne carrément comme Robbie Robertson. Au-delà des proximités sonores, la manière la plus émouvante dont Twin Peaks renoue avec les sixties, passe par cet esprit communautaire qui s’ébroue ici et là en choeurs joyeusement bordéliques (“Oh Mama”) et fait de Twin Peaks non seulement l’un des meilleurs, mais surtout l’un des plus attachants groupes du moment. ✪✪✪✪