Rock & Folk

David Woodcock

- BENOIT SABATIER

“Normal Life” BLOW UP

Il n’a pas créé la roue. Ni le flyboard. David Woodcock n’a rien d’un inventeur. L’Anglais pourrait compenser par son charisme — look extravagan­t, attitude magnétique, morgue, moustache, kétamine, collier de chien, uniforme de pompier, n’importe quoi. Mais non : par rapport à lui, Damon Albarn, c’est Hendrix sur Mars. Qu’est-ce qu’il lui reste alors, à Woodcock ? Son don pour l’écriture de chansons. Couplet, pont, refrain, les structures sont classiques. Guitare, basse, batterie et lui au clavier, l’instrument­ation reste convention­nelle. Artisan à l’ancienne, il laboure un terrain mainte fois retourné, y compris par des pointures, qui elles, en plus, étaient flamboyant­es et innovaient. Alors pourquoi se ruer sur “Normal Life”, son deuxième album ? Parce que, niveau écriture, on n’a pas affaire à un manchot — les mélodies, largement au-dessus de la moyenne syndicale, n’ont rien de normales. “La vie est la conservati­on du possible”, écrivait Paul Valéry. “Normal Life”, album conservate­ur, porte cette idée : qu’il reste possible de créer des splendides chansons à la fois éculées et inédites — sachant que l’inédit s’avère ici relatif. “Little Hope”, “Lover And A Friend” : c’est Pete Doherty sortant d’une réunion des Narcotique­s Anonymes. “Broken” : Jarvis Cocker version piano-bar. “No Need For Violence” : Jona Lewie s’épanche dans un cabaret. “If You Ever Get Out Of Your Bedroom” : The Style Council vire romantique. “Normal Life” : Madness un dimanche matin. Le tout en mode remake : Woodcock n’a pas créé la roue, mais son album la fait tourner avec grâce. Une formidable machine à perpétuer le temps. ✪✪✪✪

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