Rock & Folk

Tinariwen

- STAN CUESTA

“Amadjar” PIAS

Tinariwen est un groupe magique. Formé en 1982, il enregistre généraleme­nt ses disques de blues touareg dans le désert, au coin du feu. Voici le neuvième, toujours aussi fascinant. Quoi de neuf ? Rien. La question n’est pas là. Tinariwen, dont les membres ne cessent de fluctuer autour de la voix superbe d’Ibrahim ag Alhabib, son fondateur, creuse le sillon d’une musique inouïe, de toute beauté, qui séduit le monde entier, loin des clichés bobos aux relents vaguement coloniaux de ce qu’on nomme bêtement les musiques du monde. La tarte à la crème étant de citer les interventi­ons des musiciens occidentau­x qui permettent de vendre l’affaire à des gens comme nous... Ils sont tous là, de Warren Ellis, qui joue du violon, à Micah Nelson qui ajoute une mandoline discrète sur “Taqkal Tarha”. Ailleurs, ce sont les guitares de Stephen O’ Malley, de Sunn O))), Cass McCombs (qui chante aussi) ou Rodolphe Burger. Le tout est mixé par Joshua Vance Smith, compère de Jack White : que des gens bien, crédibles, de bon goût. Ici, pas de duo avec Booba (ce qui, pour le coup, serait vraiment original). Mais s’ils n’étaient pas là, ça serait pareil... L’événement est plutôt à chercher du côté de la présence de la griotte mauritanie­nne Noura Mint Seymali (immense star) et de son mari, Jeiche Ould Chigaly, à la guitare. Le résultat est, comme toujours, envoûtant, rêveur, hypnotique. Ces musiciens ont un vécu qui les empêche de faire quoi que ce soit de médiocre. Ils vivent leur musique. Qu’on l’enregistre et qu’on la vende est une très bonne chose. Mais si ça n’était pas le cas — comme à leurs débuts — ils feraient exactement la même. Quel artiste pop peut en dire autant ? ✪✪✪

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