Rock & Folk

Rachid Taha

- OLIVIER CACHIN

“Je Suis Africain” ALL POINTS/ BELIEVE

Un an après sa mort, quel meilleur moyen de rendre hommage au grand Rachid Taha que de sortir un album posthume ? Il n’est pas nécessaire de se forcer à l’apprécier tant ce disque pétillant regorge de bonnes surprises, de formidable­s chansons. Dès “Ansit”, qui ouvre l’album, on sait que l’émotion sera au rendezvous. Dans un emballage luxueux agrémenté de cordes célestes, le chanteur de Carte De Séjour balance aussi des morceaux dancefloor friendly comme cet étonnant “Andy Waloo” où il égrène quelques noms de légende sur un tempo effréné (“Est-ce que tu connais Lou Reed ? Johnny Cash ? Elvis Presley ? Est-ce que tu connais l’amour ? La haine ? Non, tu ne connais rien”). Réalisé et coécrit par Toma Feterman, ce disque solaire passe du chaabi à la chanson pop et respire la spontanéit­é. On n’est, du coup, guère surpris d’apprendre que la plus grande partie des voix de Taha ont été posées en une nuit, puis agrémentée­s de multiples ajouts instrument­aux dans des studios à Bamako et Paris. Balafon, oud, cordes orientales, guitares énervées : le mégamix de Rachid n’est jamais indigeste et la cohérence de ce disque qui part dans toutes les directions n’en est que plus étonnante. De l’arabe au français en passant par l’anglais (enfin presque, car comme il le chante dans “Like A Dervish” : “This is my first song in english, je sais que je triche, my english is not so rich”), Rachid se balade et nous entraîne dans son errance hédoniste. On conclut de façon définitive le voyage avec “Happy End”, un titre au goût amer car, derrière les youyous et le beat irrésistib­le, on entend pour la dernière fois cet immense artiste qui aimait autant Clash qu’Oum Kalthoum. ✪✪✪

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