Rock & Folk

“COME ON LET’S GO! POWER POP GEMS FROM THE 70s & 80s”

Big Beat (Import Gibert Joseph)

- NICOLAS UNGEMUTH

Comme chacun le sait, dans les années 70, le rock a pris une tournure bizarre... Certains des grands groupes sixties commençaie­nt à faire de mauvais albums (Nick Kent avait écrit un article demandant si Mick Jagger,

Pete Townshend ou Paul McCartney n’étaient pas trop vieux pour faire de la bonne musique, alors qu’ils allaient avoir 30 ans !) et les choses se mirent à sentir mauvais : en Angleterre, des groupes de rock progressif sortaient des albums conceptuel­s ou reproduisa­ient la Légende d’Arthur sur scène, aux Etats-Unis, des cowboys d’opérette sortaient des disques cocaïnés flirtant dangereuse­ment avec la pire des soupes. Tout le monde ne réagit pas de la même manière : beaucoup empruntère­nt une nouvelle voie bientôt nommée punk (en gros, du passé faisons table rase même si c’était impossible et par conséquent mensonger), d’autres décidèrent de faire marche arrière toute. Il s’agissait de renouer avec la candeur et la simplicité de la pop des années 60, des années 50, ou du genre bubblegum. Ce mouvement strictemen­t américain, encouragé par le grand manitou Greg Shaw, du label et du magazine Bomp! est désormais baptisé power pop.

Des chansons joyeuses, sans la moindre influence blues, mais énergiques. “Power

pop is what we do”, avait dit Pete Townshend en 1967, avant de se lancer, lui aussi, dans les albums conceptuel­s... Alors, tandis que les uns se mirent à faire une musique dure inspirée par le Velvet Undeground, les Stooges et les groupes garage, les autres décidèrent de s’inspirer de la British Invasion dans ce qu’elle avait de plus mélodique : Beatles des premiers albums, Hollies, Who tendance “The Kids Are Alright”, etc. Aux quatre coins des USA, de nouveaux groupes se mirent à enregistre­r des chansons mélodiques, mais pas à la manière de Fleetwood Mac. Nerveuses, puissantes, aux refrains et couplets irrésistib­les. La power pop est vaste :

Tom Petty en a fait (“American Girl”), les Ramones aussi (“I Can’t Make It On Time”), Cheap Trick également (“Southern Girls”, merveilleu­x) ainsi que Big Star (qu’il serait exagéré de réduire à ce seul genre) et Blondie (“Denis”, “(I’m Always Touched By Your) Presence, Dear”). Certains étaient franchemen­t rock’n’roll (Plimsouls et Paul Collins Beat : les meilleurs de la bande, issus du même groupe, les Nerves), d’autres plus ouvertemen­t commerciau­x (The Knack). La compilatio­n qui nous intéresse a l’avantage de réunir des choses un peu moins connues (à l’exception de l’incontourn­able “September Gurls” de Big Star) et semble donc viser un public déjà bien affranchi. Les Plimsouls et le Paul Collins Beat ne sont pas de la partie, mais on y trouve bien les stars du genre (Rubinoos, Dwight Twilley Band, Raspberrie­s, Romantics, Shoes, 20/20) pour des morceaux qui ne sont pas forcément leurs plus emblématiq­ues, ainsi que des groupes plus obscurs. Comme les Spongetone­s, des moustachus qui ressemblai­ent à des roadies de Manowar (“(My Girl) Mary Anne”, superbe), The Rooks, les Dirty Looks (signés chez Stiff), Wire Train, Gary Charlson, Robert Johnson (musicien de studio ayant officié chez Isaac Hayes et Ann Peebles !), The Secrets, The Nashville Ramblers, The Toms, Bill Lloyd, The Tweeds, The Rooks, The Shivvers (rare groupe avec une chanteuse, en l’occurrence la très sexy Jill Kossoris), Van Duren & Jody Stephens, etc. On retiendra également une belle reprise de “Com On Let’s Go” de Ritchie Valens par les Paley Brothers accompagné­s des Ramones, et les Flamin’ Groovies avec une version splendide de “Shake Some Action” (pas une démo, une version finie) datée de 1973, soit trois ans avant celle concoctée par Dave Edmunds aux studios Rockfield. A son propos, Cyril Jordan a dit :“C’est la meilleure chose que nous ayons jamais faite”.

Cette perle exhumée par Norton Records en 2002 montre à quel point les Groovies savaient précisémen­t ce qu’ils voulaient enregistre­r. Les solos sont quasiment identiques sur les deux versions, seules la fin et la production changent sensibleme­nt. C’est évidemment l’un des temps forts de cette réjouissan­te anthologie, mais le reste n’est pas à négliger non plus.

Renouer avec la candeur et la simplicité de la pop des années 60

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The Raspberrie­s
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