Rock & Folk

La petite fille de Pierre Henry

Enregistre­r un album autoprodui­t dénote une certaine ambition, ne serait-ce que celle d’espérer se faire repérer parmi une concurrenc­e conséquent­e. Et certains indépendan­ts font preuve d’une véritable ambition artistique,

- PAR H.M.

Un an après ses débuts, le duo Mauvais OEil réunit Orient et Occident avec un EP séduisant. La rencontre à Paris d’une chanteuse d’origine algérienne férue de raï et de pop, et d’un multi-instrument­iste polyvalent (musique baroque, guitare manouche et rock) a engendré un électro-raï voluptueux et bilingue (français et arabe) où l’acid house côtoie les violons orientaux et où les traditions se télescopen­t pour affirmer leur modernité au fil d’arabesques vocales ensorcelan­tes (“Nuits De Velours”, Les Disques Entreprise, lesdisques­entreprise.fr/mauvais-oeil).

Depuis 2004, Clock Stretcher (de Paris) cherche la formule adéquate : créé à l’initiative d’un chanteurgu­itariste-auteur-compositeu­r, le groupe a d’abord été quartette et se présente désormais comme un trio basique (guitare-basse-batterie). Son EP quatre-titres entérine la maturité d’un rock en anglais teinté d’électro qui préfère les tempos lents et peaufine les climats, à l’instar des modèles dont il se revendique, Coldplay ou Radiohead (“Walking On Shell”, Clock Stretcher, facebook.com/clockstret­cher).

Le trio The Reed Conservati­on Society est né en 2018 lorsqu’un chanteur-guitariste entraîne son ancien batteur (au sein de Vérone) pour donner corps à ses compositio­ns, bientôt rejoint par un trompettis­te. Le premier EP qui résulte de cette rencontre impression­ne par la musicalité mélodique d’une pop qui se place sous l’ombre tutélaire du Velvet Undergroun­d : la voix est au diapason d’orchestrat­ions raffinées et les ballades alanguies sont relevées de vocaux pétillants (“Ep1”, facebook.com/ thereedcon­servations­ociety, distributi­on InOuïe).

En 2017, Club Bombardier publie un premier deux-titres en guise d’acte de baptême. Deux ans plus tard, il monte en puissance avec une nouvelle parution plus copieuse (sept titres). Le groupe parisien définit sa musique comme du “savage rock’n’roll”. En fait, elle s’ébroue dans une mouvance rock, punk et stoner et trouve ses marques avec des morceaux qui vont à l’essentiel et privilégie­nt une énergie rentre-dedans (“Last Word First Move”, M&O Music, facebook.com/ Clubbombar­dier).

Avec son premier album, le quartette grenoblois Holy Bones tente la synthèse entre blues, folk et rock, en rêvant d’une americana sous influence Calexico. Dès l’intro en douceur (“I Will Never Know”), on est cueilli par la voix profonde qui transcende cette ballade intimiste, avant d’être entraîné dans les grands espaces au fil de morceaux harmonieux et mélodiques qui sont portés par un lyrisme tout en retenue et prennent parfois l’allure de musiques de films (“Silent Scream”, KNT, facebook.com/holybonesg­renoble).

Le premier EP cinq-titres de Bobbie constitue une offensive de charme et de douceur. Cette chanteuse-guitariste s’est faite remarquer en participan­t à l’enregistre­ment de plusieurs musiques de films internatio­naux et en revisitant des standards américains, mais elle a tenu à prouver ses capacités d’auteurecom­positrice en faisant appel à quatre musiciens discrets qui ont respecté sa volonté intimiste : de sa voix cristallin­e, elle renoue avec le folk des années 70 pour chanter ses amours contrariée­s sans jamais verser dans le pathos (“An Elegy For”, bobbiemusi­c.com).

En activité à Liège depuis 1994, Chilly Pom Pom Pee a assuré sa survie alimentair­e grâce à un spectacle pour enfants, “L’Histoire Du Rock” (cinq cents représenta­tions en huit ans). Mais les quatre musiciens poursuiven­t en parallèle une trajectoir­e plus personnell­e et leur nouvel album rend hommage à leur optique classic rock avec dix morceaux originaux optant souvent pour une vivacité bien contrôlée, parfois pour des climats moelleux et même pour une longue parenthèse atmosphéri­que (“Chilly Pom Pom Pee”, chillypomp­ompee.com, distributi­on Freaksvill­e music).

Venant de Bordeaux où il a pris son envol l’an dernier, Jive Me se distingue avec un premier album énergique et dansant. Le groupe réunit trois musiciens (un homme aux machines, un clarinetti­ste et un guitariste) autour d’une chanteuse (la petite fille de Pierre Henry) dont la voix soul évoque parfois celle d’Amy Winehouse. Ensemble, ils propulsent un électro-swing souvent plaisant, à la fois moderne et vintage, qui s’inscrit dans la lignée de celui de Caravan Palace (“Jive Me”, Uni Son, jiveme-official.com, distributi­on L’Autre Distributi­on).

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