Rock & Folk

ROCK ’N’ROLL FLASH BACK

- PAR CHRISTIAN CASONI

OCTOBRE 1989 R&F 267

La Nouvelle-Orléans a flambé ses pétrodolla­rs, la métropole est ruinée, catholique, mal famée, maléfique, méprisée depuis toujours par le reste du pays, étrangère. Les frères Neville imprègnent pourtant les hit-parades avec “Yellow Moon”. Art, Charles, Cyril et Aaron, quatre horizons distincts qui reforment l’arc-en-ciel néo-orléanais, sont plus crédibles comme auditeurs des esprits que Ben Harper (lire le billet suivant). Gainsbourg : 30 ans de carrière réunis dans un coffret. Longue séance d’autosatisf­action où Gainsbourg joue à Gainsbourg, dandy érotomane et ramenard qui se dilate d’une interview à l’autre : “Ce n’est pas Marley qui a fait découvrir le reggae en France, c’est moi.” 7 pages “Rock & Mode”, 3 mots par page, des mannequins lunaires en robe-cage, queue de pie argent, caleçon stretch en alu, minipagne en cotte de maille. Pourquoi ?

OCTOBRE 1969 R&F 033

“Nous avons senti comme une espèce de vérité qui se laissait approcher, un retour vers quelque chose de précieux, un authentiqu­e savoir-vivre.” Sur l’île de Wight moucheronn­ent 150 000 “beautiful people”, des pop stars et quelques transfuges de Woodstock, Joe Cocker, Richie Havens ou la grosse sensation du samedi : les Who. Le lendemain s’ouvre le Livre des Prophéties : Bob Dylan. Le “petit jeune homme” soigné n’est ni en avance ni très chaleureux, mais le reporter est ébloui. “Dylan, quand il chante il n’y a pas une baisse de tension, c’est un petit cauchemar ou un petit rêve.” Le petit rêve aurait palpé un cachet de 50 à 60 bâtons, “ça cause un choc”. Le Melody Maker fantasmait sur des supersessi­ons avec Blind Faith, George Harrison ou Keith Richards, dont le yacht était ancré au large. Le MM nuançait :

“If Bob approves”. But he didn’t.

OCTOBRE 1999 R&F 386

Les Londoniens de Scott 4 touillent country et krautrock “dans l’esprit des pionniers de l’électroniq­ue rock. On travaillai­t au scalpel. Les bouts de bande pendaient un peu partout dans le studio.” Ben Harper, c’est John Lee Hooker qui lui a “passé le mojo. Johnny, c’est le but en fait. C’est ce qu’on a de plus près d’un dieu. (...) J’ai des racines vaudou, j’ai entendu les Voix.” Une vanne à la fin quand même : “Ben, êtes-vous allé au crossroads ? – Non, je suis allé chez Virgin.” Rock&Folk a retrouvé Hector : “C’était vraiment dangereux de faire [l’excentriqu­e]. J’ai eu de la chance, les gens ne tapent pas trop sur les dingues. Il a fallu attendre Antoine pour qu’ils se décoincent.” “Yellow Submarine” ressort remasteris­é. Hop, un nouveau papier sur les Beatles. Et c’est toujours de Michel Drucker qu’on se moque (lire le billet suivant).

OCTOBRE 1979 R&F 153

Leonard Cohen garde un mauvais souvenir du disque produit avec Phil Spector : “Toutes les voix sont des voix témoins.

Il a mixé dans le secret le plus absolu et personne ne pouvait plus le joindre. Il ramenait les bandes chez lui sous escorte armée.” Véronique Sanson garde un très mauvais souvenir de Stephen Stills : “Je le hais profondéme­nt. C’est un mec méchant. J’ai honte d’avoir été mariée avec lui.”

Huit photos décentes de Debbie Harry,

légendées en un puzzle intime : “Blondie, ce n’est pas moi. Moi je suis Debbie. Les refoulés, teenagers et hommes un peu plus mûrs, qui ont ma photo au-dessus de leur lit, je trouve ça franchemen­t tragique.”

Le secteur du disque flanche, la new wave est en train de foirer son putsch, les ondes FM américaine­s charrient toujours les mêmes vieillerie­s. Devo : “Nous nous contentero­ns de ne pas paniquer”.

OCTOBRE 2009 R&F 506

Plus fort que les Beatles : le culte de leurs ossements. Ce n’est pas la première hagiograph­ie que publie le magazine, ce ne sera pas la dernière. Ici, l’argument est double : leur discograph­ie sort en mono, et un jeu vidéo les sanctifie : “Beatles Rockband”. Le coffret faisant disque du mois, Rock&Folk recycle une vieille chronique de Philippe Paringaux. Comme quoi, tout avait été dit il y a 50 ans. D’une secte à l’autre : Lynyrd Skynyrd. C’est le nom d’un abattoir où tous ceux qui entrent finissent par mourir d’une manière ou d’une autre. Leur dernier album s’intitule “God & Guns”. On n’est pas déçu. Johnny Van Zant, le chanteur : “On croit en Dieu et il se trouve qu’à l’école, les enfants ne peuvent plus prier. Ce n’est pas au gouverneme­nt de nous dire comment vivre.” Willy DeVille est mort, et Noel est éjecté d’Oasis par un pain fraternel.

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