Un claquement de doigts et, hop, un nourrisson !
Radioactive
Quand elle est passée d’autrice de bandes dessinées (“Persépolis”) à réalisatrice, la Franco-Iranienne Marjane Satrapi a étonné son monde en imposant un univers timbré slalomant entre rêve, nostalgie (“Poulet Aux Prunes”) et délires schizophréniques que n’aurait pas reniés David Lynch (“The Voices”). C’est dire si on attendait son “Radioactive”, biopic un brin fantasmé de Pierre et Marie Curie, récompensés à l’aube du 20ème siècle pour leurs recherches sur la radioactivité. Adapté du roman graphique de Lauren Redniss, le film est un portrait à fleur de peau de Marie Curie, une femme qui continua d’assurer le job après la mort de son époux. Avec tout le côté engagé qui va avec ce personnage féministe avant l’heure. Dans le rôle de la scientifique, Rosamund Pike est fascinante et aussi excellente que dans le film de David Fincher qui la révéla il y a six ans (“Gone Girl”). Peut-être trop ciselé, “Radioactive” manque un peu de la folie ambiante qui boostait les précédents films de Satrapi. Pas assez d’apartés oniriques et trop de mélo, surtout dans sa deuxième partie (actuellement en salles).
The Room
Ce qui est amusant avec “The Room”, c’est son intrigue aberrante. Un couple de trentenaires, après avoir emménagé à la campagne, s’aperçoit qu’une des chambres de sa nouvelle maison est capable d’exaucer tous les souhaits.
Logiquement, les chanceux font apparaître des litres de champagne, de la nourriture de luxe et des dollars à profusion. On les comprend ! Ils ont par ailleurs un souci de taille : ils ne peuvent pas avoir d’enfant. Qu’à cela ne tienne. Un claquement de doigts et, hop, un nourrisson apparaît ! Avec un problème à la clé : l’enfant grandit à vitesse grand V et sera réduit en poussière si l’envie lui prend de mettre le nez dehors. Car chaque souhait exaucé doit rester cantonné à l’intérieur des murs de la maison.
Le réalisateur Christian Volckman a beau se justifier à propos des hommages (“la référence première était ‘Shining’ ”), du jeu (“travailler sur une vérité psychologique me rassure”) ou la métaphore du film (“la limite de notre système capitaliste”), son “The Room” demeure aberrant de bout en bout. Illogiquement gratuit. A la limite du plaisir coupable (en salles le 25 mars).
Miss Americana
Tout comme avec Beyoncé, dont le quotidien est scruté dans le documentaire “Homecoming”, Netflix remet le couvert avec Taylor Swift. Au programme : miss Swift en concert, miss Swift dans ses doutes existentiels, miss Swift dans sa vie privée, miss Swift et ses complexes et, plus intéressant, miss Swift passant d’icône pop à femme engagée pour des causes qui lui tiennent à coeur (féministe et LGBT). Peut-être parce qu’elle culpabilise un brin sur ses armoires remplies de récompenses (323 au total, dont 10 Grammy Awards), ses énormes succès (40 millions d’albums vendus et des milliards de streams) et sa richesse digne de Balthazar Picsou (300 millions de dollars dans sa tirelire), la jeune trentenaire ne pouvait pas ne pas s’impliquer politiquement. La deuxième partie du film la montre en train de faire un choix de vie engagé. Notamment en contrant la politique de Donald Trump qui, étrangement, n’a pas réagi avec l’agressivité qu’on lui connaît : “J’aimerai désormais 25% de moins sa musique.”
Pourquoi ? Car Taylor Swift, avec ses 127 millions de followers Instagram, aurait presque la possibilité (si elle le voulait vraiment) de changer la donne à la prochaine élection présidentielle. C’est ce que laisse entendre de loin ce documentaire de Lana Wilson, un tiers musical, un tiers engagé, un tiers psychologique. Sympathique, mais lambda (en diffusion sur Netflix). ❏