Rock & Folk

Parodie gore de Tom et Jerry

-

Enfin une histoire de blues bien ficelée où l’humour fait bon ménage avec le suspense. Dans “Bluesman” (Sarbacane), le dessinateu­r espagnol Raúl Ariño raconte l’amusante cavale d’un chauffeur de bus rattrapé par son passé dans un Chicago en passe de se convertir au rock’n’roll d’Elvis Presley. Père de famille et mari modèle, Barry Brown est un gentil colosse qui mène une vie discrète. C’était sans compter sur les troupes du shérif d’un bled paumé qui viennent de repêcher une voiture avec un couple à l’intérieur. Rapidement, le journal télévisé annonce qu’il s’agit du corps de l’ancienne femme du très irascible bluesman Larry Jackson et de l’amant de celle-ci. Problème, le guitariste a disparu il y a dix ans au moment des meurtres. Barry serait-il Larry ? Un ancien producteur du bluesman semble le penser. Rien n’est à jeter dans cette histoire à l’aquarelle très réussie.

Le scénariste Julian Voloj et le dessinateu­r Søren Mosdal signent avec “Basquiat” (Soleil) un petit bijou. Ecrite et dessinée en totale adéquation avec la vie du peintre undergroun­d le plus emblématiq­ue de son époque, cette biographie en ombres et lumières a fait le choix de montrer Basquiat sous son aspect le plus extrême et autodestru­cteur. Réalisée à grands coups d’à-plats dans l’esprit pop art, la BD détaille la descente aux enfers du NewYorkais sans chercher à donner dans l’explicatio­n sociologiq­ue. Le résultat est cru, brutal, comme les peintures de l’artiste. En cela, la démarche de Mosdal et Voloj se distingue des hommages plus convenus à un peintre dont les oeuvres décorent, notamment, l’intérieur du batteur de Metallica.

Les éditions Revival rendent hommage à Massimo Mattioli avec “Squeak The Mouse”, une intégrale consacrée à cette souris sanguinair­e qui propose les deux tomes déjà sortis en France, ainsi qu’une troisième partie jusqu’alors inédite au format album. Quand l’auteur imagine cette parodie gore et pornograph­ique de Tom et Jerry, l’Italie est en plein dans les années de plomb. En détournant le dessin animé créé par Joseph Barbera (futur beau-frère de Vince Taylor) et William Hanna, Mattioli propose une version contre-culturelle totalement raccord avec les évènements qui l’entourent. L’époque étant au sexe et à la violence, sa petite souris passe la totalité de ses planches à découper des chats à grand renfort d’onomatopée­s largement suffisante­s pour illustrer l’ambiance. Avec ces couleurs vives et ce graphisme pour enfants, c’est un petit chef-d’oeuvre de subversion qui, d’ailleurs, servira d’inspiratio­n au “Itchy & Scratchy Show”, le cartoon favori de Bart et Lisa Simpson.

Après “Monk” de Youssef Daoudi (R&F 617), “La Baronne Du Jazz”, (Steinkis), imaginée par Stéphane Tamaillon et mise en images par Priscilla Horviller, est la seconde BD qui évoque la relation entre Pannonica de Koenigswar­ter, une femme de la haute société anglaise, et le jazzman Thelonious Monk dans un monde peu préparé à ce genre d’union mixte. Si l’histoire est impeccable­ment narrée et dessinée — on aime l’usage spécifique de la couleur réservée aux personnage­s pendant que le noir et blanc est réservé aux décors — le long préambule avant la rencontre entre les deux tourtereau­x mélomanes est quelque peu longuet.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France