Rock & Folk

JONATHAN WILSON

L’Américain, dont les récents travaux lorgnaient vers le soft rock, a enregistré son septième album à Nashville, pour un retour salutaire au folk et à la country.

- Charles Ficat

AVEC SON NOUVEL ALBUM, “DIXIE BLUR”, Jonathan Wilson revient à ses racines et signe un grand album d’americana introspect­ive. Guitariste de Roger Waters, producteur pour quelques collègues songwriter­s (Bonnie Prince Billy, Conor Oberst, Father John Misty) où sa patte, assez moderne, a souvent été synonyme de succès, l’Américain a, cette fois, enregistré un disque à l’ancienne, avec quelques gâchettes de Nashville. Avant de lancer sa tournée, il s’est confié sur cette nouvelle orientatio­n.

Retour aux racines

ROCK&FOLK : Après “Rare Birds”, vous donnez à votre musique une direction qu’on n’attendait pas forcément. Jonathan Wilson : Je ressentais le besoin d’un changement artistique, de quelque chose de différent. C’était nécessaire aussi, parce que mon studio était en travaux et qu’il me fallait aller ailleurs. Enregistre­r à Nashville m’est apparu comme un concept après que Steve Earle m’a soufflé l’idée lors d’un concert ensemble. Il m’a fallu un ou deux jours de réflexion. Nashville me paraissait cool, j’aimais l’idée de recruter sur place un groupe de musiciens de session.

R&F : “Dixie Blur” rappelle un peu le virage amorcé par Tom Petty And The Heartbreak­ers au moment de “Southern Accents”.

Jonathan Wilson : C’est un retour aux racines. Tout s’est produit naturellem­ent et avec spontanéit­é. J’ai revisité les sons de mon passé, dans le but de les transmettr­e.

R&F : Vous êtes originaire de Caroline du Nord, puis vous avez migré vers la Californie, à Laurel Canyon et Echo Park. Jonathan Wilson : Maintenant, je suis installé à Topanga Canyon, près de Malibu, où résident des communauté­s hippies. Je fais construire un nouveau studio, qui est presque terminé.

R&F : Cette fois, vous ne jouez pas de tous les instrument­s. Vous avez fait appel à des musiciens.

Jonathan Wilson : Je dirais que 93% de l’album est joué live par le groupe. Je n’avais jamais travaillé comme ça auparavant. Après mes tournées et des centaines de concerts, je me sentais en confiance, notamment au chant. C’était le moment d’y aller.

R&F : En faisant appel à Mark O’Connor au violon et Russ Pahl à la guitare pedal steel, vous avez donné une chaleur à l’album.

Jonathan Wilson : Je voulais Mark O’Connor. Je le connaissai­s pour son travail avec George Jones, Dolly Parton, Emmylou Harris. Il n’avait pas fait de session depuis les années 1990. En insistant un peu, il a fini par accepter. Ça a fait toute une histoire à Nashville, car il avait planté Garth Brooks et n’était jamais revenu. Ce fut un défi de l’avoir sur le disque.

R&F : “Dixie Blur” est-il un album country ? Jonathan Wilson : Pas vraiment, à certains moments peut-être. Cet album, c’est moi avec une pedal steel et un violon. On y retrouve aussi ma signature sonore, avec les solos de guitare et les influences psychédéli­ques.

R&F : Y a-t-il un lien entre une chanson comme “Enemies” et la guerre de Sécession ? Jonathan Wilson : Peut-être. Je ne voulais pas aborder un sujet négatif dans une chanson. En fait, c’est une tentative de ne pas avoir d’ennemis. Surtout quand vous avez l’impression que des gens volent votre musique ou vous copient. J’ai pu l’observer dans le monde de la pop, quand on vient tourner autour de vous et vous dérober.

En mouvement

R&F : Il s’agit de votre album le plus intimiste à ce jour.

Jonathan Wilson : C’est un retour au pays dont je suis originaire. En même temps, je renoue avec les jours anciens et des sons anciens. Dans la chanson que nous venons d’évoquer, je m’inspire de ce que faisait Sam Phillips au studio Sun. C’est mon incursion dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’americana. Je n’aimais pas le mot, je le trouvais bizarre. Mais j’ai voulu m’y rattacher et expériment­er dans ce domaine. L’album s’inscrit dans ce courant.

R&F : Vous semblez ne pas vouloir vous fixer. Etes-vous prêt encore à de nouvelles aventures ?

Jonathan Wilson : Oui, certaineme­nt. Pas question qu’un disque ressemble au précédent, autrement nous n’aurions rien à nous dire. Un artiste doit toujours être en mouvement.

“Ce que faisait Sam Phillips au studio Sun”

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