Rock & Folk

Baxter Dury

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“The Night Chancers” PIAS

Baxter Dury est de retour, toujours drapé dans cette morgue de velours, un tantinet ironique, qui lui va si bien. “The Night Chancers” chante les noctambule­s, ceux qui vivent entre les ombres, les branchés et les autres, et dévoile une mélancolie, une fatigue, des sourires en coin également. “I’m Not Your Dog” s’édifie autour de nappes synthétiqu­es crépuscula­ires, de cordes chargées et de cette voix grave, profonde, crooner postmodern­e qui navigue à vue entre coeur brisé et doigt d’honneur. “Ce n’est pas mon problème, je ne suis pas ton

chien”, déclame une voix féminine sur le refrain désabusé. “Slumlord” poursuit dans cette voie disco, pop ritale faussement cool. Dury y impose son rythme de roi fainéant avec un aplomb délicieux. “Saliva Hog” a la basse ronde et la guitare d’éther, c’est encore un monologue entrecoupé de voix féminines, fantômes de banquettes noyés dans la pénombre. Si Melville revenait d’entre les morts, possible qu’il validerait ce “Samurai” au piano solitaire et ces cordes annonçant une aube pas forcément réconforta­nte. “Sleep People” est une berceuse décadente, un programme électoral pour ceux qui jamais ne voteront. “Carla’s Got A Boyfriend” poursuit dans la même veine, serpent témoin qui regarde les hommes et les femmes valser au bord du précipice. “The Night Chancers” débute par des aboiements avant de plonger au coeur d’une musique à la fois traînarde et arrogante. “Hello, I’m Sorry” reste fidèle à l’atmosphère du disque, entre vulnérabil­ité et volonté de ne plus se soucier du regard des autres. “Daylight” annonce la fin de la nuit, la descente peut commencer, cotonneuse et magistrale. C’est cela la principale force de Dury, mêler des sentiments contradict­oires pour mieux raconter la vie. “Say Nothing” clôt l’album. Le soleil reprend ses droits. Pour quelques heures... ✪✪✪✪

JERÔME REIJASSE

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