Roomful Of Blues

“In A Roomful Of Blues” ALLIGATOR

Certaines institutions musicales

survivent à leur créateur, perpétuant sinon son répertoire, du moins son esprit. On peut ainsi croiser de nos jours des orchestres tournant sous la bannière Duke Ellington, BB King ou Dr Feelgood... Dans une certaine mesure, Roomful Of Blues appartient à cette catégorie. Fidèles à l’esprit du fondateur, Duke Robillard, parti en 1980, Phil Pemberton (chant), Chris Vachon (guitare, production), Rusty Scott (claviers), Rich Lataille (membre d’origine, saxophone), Alek Razdan (saxo) et Carl Gerhard (trompette), John Turner (contrebasse) et Chris Anzalone (batterie) s’emploient à satisfaire les amateurs de jump blues. Féconds, ils signent dix des treize morceaux constituant ce sixième album pour Alligator, label de Chicago. Comme le nom du groupe et le titre général (qui est aussi celui d’une chanson) l’indiquent, le style du groupe reste honnêtement ancré dans le blues mais avec des sourires adressés au rock, au R&B (dans l’acception Stax du terme), au zydéco (“Have You Heard” et son accordéon), etc. Et même de manière brève aux Beatles, le riff en introduction de “She’s Too Much” rappelant celui de “Hey Bulldog”. Après ces quelques notes, le swing à la Big Joe Turner reprend le dessus, comme il l’a toujours fait depuis les débuts de cette aventure démarrée à Westerly, Rhode Island, en 1967. De manière évidente, Roomful Of Blues ne renie toujours pas le classicisme de sa démarche, celle de vétérans qui refusent de brader leur art. L’appartenance à une génération se fait aussi sentir dans certaines paroles, comme celles de “Phone Zombies” qui moquent l’obsession pour ce petit engin qui gouverne la vie de tant de contemporains. ✪✪✪

JEAN-WILLIAM THOURY