Rock & Folk

Swamp Dogg

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“Sorry You Couldn’t Make It” JOYFUL NOISE/ DIFFER-ANT

Enfant des années 50 en Virginie,

Jerry Williams Jr, alias Swamp Dogg, a grandi l’oreille collée aux radios country. Il l’a depuis toujours revendiqué : si l’on retire tout l’assaisonne­ment psychédéli­que et la chair soul à cette tambouille qu’il nomme sa musique, que reste-t-il ? Le squelette : ces progressio­ns d’accord et ces mélodies typiques des ballades country. Puis, il y a cette voix, cette manière de balancer droit, sans les trémolos de l’église et le rauque de la soul, plus avec les harmonique­s et les notes hautes des yodelers. Bref : après avoir réussi un hold-up en livrant l’album auto-tuné le plus comique de l’histoire à l’âge de 75 ans — “Love, Loss And Auto-Tune” en 2018, le Dogg (“Put two

G at this Motherfuck­er”) remet tous ses gains en jeu en enfilant un complet de cowboy, un Stetson, un bolo-tie et en allant dans un studio à Nashville, pour livrer un album de... soul. Petit doigt d’honneur au passage. Que vaut le Dogg après, hum, 66 ans de carrière ? Commentate­ur sarcastiqu­e des modes musicales, Swamp s’est plongé dans ce nouveau cross-over typique du Nashville hipster, entre attitudes country, codes indie et production black. L’authentici­té est devenue un concept anachroniq­ue. Pourtant, quand il s’y met, c’est-àdire quand il écrit et qu’il chante avec coeur, l’Américain est toujours un champion. Voici pourquoi “I’d Rather Be Your Used To Be” et “Family Pain” sortent du lot. Pour le reste, on doute que Swamp Dogg bénéficie du même effet de surprise qu’avec ses pitreries à vocodeur. Espérons tout de même pour les maisons de disque qu’il ne se ruine pas. Le pauvre serait obligé de les arnaquer à nouveau pour se remettre en selle. ✪✪✪

THOMAS E. FLORIN

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