The Dirty Knobs

“Wreckless Abandon” BMG

Voici le meilleur album de Tom Petty

depuis sa mort. Mike Campbell a accompagné — et bien plus — Petty pendant une éternité, et cela s’entend. Il chante même comme lui... Son groupe — littéralement, les boutons sales, mais knob, en argot, possède aussi un sens plus grossier — est une bande de seconds couteaux sacrément efficaces. Et puis, quoi qu’on en dise, le rock’n’roll est quand même une musique étatsunienne. Les Américains peuvent jouer ça avec un tel naturel. Avec les Anglais, c’est tout de suite du théâtre — ce qui est parfois génial, mais toujours joué, recréé. Là, c’est du vécu. Ça ne veut pas dire que c’est mieux, mais c’est plus écolo. Quand ils jouent un classique country comme “Pistol Packin’ Mama”, repris en son temps par Gene Vincent, ici dans une version roborative avec Chris Stapleton, on ne se pose pas de question de crédibilité. C’est leur musique, ils en font ce qu’ils veulent. Parce que c’est du rock’n’roll pur et dur (“Aw Honey”, formidable). Pas une idée de rock’n’roll, un concept, un mot pour désigner un mode de vie ou quoi que ce soit, non, simplement le style musical hérité des fifties. On pense parfois aux Fabulous Thunderbirds ou à ZZ Top (l’hilarant “Don’t Knock The Boogie”). Et pourtant, paradoxalement, l’influence anglaise est omniprésente, comme sur le morceau-titre avec son intro très “Revolver”, ses bandes à l’envers, sa basse cavalant dans les aigus, ses choeurs, ses guitares acides, son final indianisant... Ailleurs, on pense aussi à la lourdeur divine de Free (“Don’t Wait”). Mais, en fait, le but ici, ça n’est pas vraiment de penser. Et c’est bon. ✪✪✪

STAN CUESTA