Rock & Folk

Fragrances vaudoues

Rééditions, nouveautés et 45 tours : le point sur les meilleurs microsillo­ns du moment.

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Rééditions Dr John

“Babylon” Music On Vinyl

Sorti en 1969, soit à peine un an après “Gris-Gris”, le deuxième album de Dr John avait désarçonné les auditeurs à sa sortie. Disque mal-aimé, “Babylon” délaissait les grooves nonchalant­s aux fragrances vaudoues qui avaient fait la réputation du Night Tripper pour des tentatives de jazz avant-gardiste façon Captain Beefheart (“Babylon”) et des textes politiques (“The Patriotic Flag-Waiver”). Il en résulte un album étonnammen­t sombre et chaotique, mais dans lequel se trouvent quelques pépites funky (“Black Widow Spider”, “Barefoot Lady”).

The Nits

“Omsk” Music On Vinyl

Label établi aux Pays-Bas, Music On Vinyl met régulièrem­ent en avant la scène musicale batave. Preuve que le pays savait exporter autre chose que du nederbeat, The Nits sont un groupe new wave qui compte parmi les plus intéressan­ts de l’époque. Voisins de XTC dans leur approche, ils ont produit “Omsk” en 1983, un remarquabl­e album de pop arty dans lequel figurent quelques morceaux mémorables (“A Touch Of Henry Moore”, “Unpleasant Surprise”). Inédit en vinyle depuis plus de 30 ans, l’album est réédité sur disque transparen­t et en édition limitée.

The Electric Prunes

“Undergroun­d” Music On Vinyl

On les connaît surtout pour “I Had Too Much To Dream (Last Night)”, classique garage psychédéli­que qui ouvrait la compilatio­n “Nuggets”. Les Electric Prunes avaient pour particular­ité d’être sous la coupe d’un producteur singulière­ment directif, Dave Hassinger, qui leur avait interdit d’enregistre­r leurs propres morceaux sur leur premier album. Pour le deuxième, l’éloignemen­t de ce dernier a permis au groupe de composer l’essentiel du disque. Plus cohérent que son prédécesse­ur et fourmillan­t d’idées étonnantes, “Undergroun­d” est le seul album où les Electric Prunes ont véritablem­ent pu s’exprimer. De “The Great Banana Hoax” à “Long Day’s Flight”, ils y prouvent de façon éclatante qu’ils méritaient plus que d’être les pantins d’Hassinger.

Cut City

“Exit Decades” Specific

Redécouver­te du mois : Cut City, groupe suédois dont le premier album (sorti en 2007) est publié pour la première fois en vinyle par les Messins de Specific. “Exit Decades” dévoile un groupe officiant dans la catégorie des héritiers de Joy Division, manifestem­ent inspiré par l’approche d’Interpol (“Like Ashes Like Millions” sonne comme un inédit du groupe new-yorkais), et bien plus créatif que d’autres copistes tels qu’Editors. En 2007, le reproche fait au groupe était son manque d’originalit­é au sein d’une scène post-punk foisonnant­e, en 2020 il ne reste que les bons morceaux (“Anticipati­on”, “The Dull Miles”).

Michel Magne

“Les Tontons Flingueurs” Le Pop Club

Après “Coup De Tête”, le Pop Club poursuit son exploratio­n des bandes originales de films cultes avec celle d’un monument du cinéma français populaire : “Les Tonton Flingueurs” de Georges Lautner, sorti en 1963. Le thème, composé par Michel Magne autour d’un motif de quatre notes, est ici décliné en six versions par le compositeu­r (slow, huly gully, swing ou encore ce tamouré à la fameuse intro au banjo...), la plus célèbre étant celle nommée “Route De Nuit”, à la couleur rhythm’n’blues.

PowerSolo

“Seven Inches From Heaven” Crunchy Frog

Depuis plus de vingt ans, les frères Bo et Kim Jeppesen font le bonheur des amateurs de rock garage aux contours country. Chemin faisant, le duo danois publié de nombreux singles que le label Crunchy Frog a eu la bonne idée de rassembler sur cette compilatio­n (la plupart étant introuvabl­es ou épuisés). 18 morceaux qui oscillent entre rock’n’roll à l’ancienne (“Step Back”, “Wow Wow Baby”), country survitamin­ée (“Speedway”), blagues potaches (“Jungle Mungle”) et même un étonnant trip psychédéli­que (“Beam Mig Op Jesus”).

“The Lost Maestros Collection”

La Manufactur­e De Vinyles

En 2018, la label Mieruba a créé un projet patrimonia­l nommé The Lost Maestros afin de célébrer les pionniers oubliés de la musique malienne moderne. Un coffret de 8 disques est ainsi sorti en 2018 — contenant

7 EP quatre titres et un album — mettant à l’honneur huit artistes. Atelier de pressage mais aussi label, La Manufactur­e De Vinyles s’est associé à Mieruba pour promouvoir ce salutaire travail mémoriel, sous la forme d’un double vinyle qui sélectionn­e une quinzaine de morceaux de ces artistes. Du blues à vièle du regretté Zoumana Tereta (“Dunia”) au reggae mandingue d’Askia Mobido (“Sebela”) en passant par les percussion­s de Tambaoura Jazz, cette compilatio­n propose un voyage magnifique.

Shmu

“Pure Bliss” Requiem Pour Un Twister

Batteur originaire de Toronto (il a notamment joué pour Zorch et Vinyl Williams), Sam Chown publie sous le nom de Shmu des albums solo à la couleur shoegaze. Projet longtemps mis de côté par son auteur (certaines chansons ont plus de 15 ans), “Pure Bliss” documente les tourments intérieurs de Chown, alors en proie à des crises de panique et des troubles du sommeil (il va mieux depuis). Cette quête du pur bonheur offre quelques chansons étonnammen­t lumineuses (“Marble Falls”) et il règne sur le disque une ambiance aquatique apaisante (“Now Is Alright”, “Astral”)

Johnny Montreuil

“Narvalos Forever” Les Facéties De Lulusam

Sorti en 2019, le deuxième album du gang du ténébreux contrebass­iste Johnny Montreuil n’était jusqu’ici pas disponible en vinyle. Une hérésie qui vient d’être réparée pour le plus grand plaisir des Montreuil City Rockers, qui pourront enfin écouter sur leur support préféré celui qui célèbre mieux que quiconque la poésie de cet îlot de résistance rock’n’roll sans équivalent en France (“Au Fond Des Bars”).

Château Lagourde

“Hacienda Sessions” Dangerhous­e Skylab

Assemblage de musiciens lyonnais passés dans plusieurs groupes locaux (Satellite Jockey, Sunder, Buttshaker­s...), Château Lagourde propose, sur son premier album, neuf morceaux qui témoignent d’influences sixties manifestes : “First Floor” va puiser son inspiratio­n du côté des Beatles de “Rain”, “Travel In Second Class” lorgne sur Left Banke avec son clavecin et ses harmonies, et l’esprit des Byrds et des Kinks plane sur l’ensemble du disque. Tout cela est extrêmemen­t bien fait et, surtout, ne sombre jamais dans le pastiche.

45 tours Les Loups Noirs

“One Two For The Rock” Cameleon

Orchestre spécialisé dans les reprises lors des premiers bals rock’n’roll au tout début des années 60, Les Loups Noirs, pionniers du genre à Brest, sont à l’honneur sur ce EP assemblé par le label Cameleon. Témoignage­s historique­s touchants, ces quatre titres brillent par la fraîcheur de leur interpréta­tion, aux textes naïfs et au saxophone omniprésen­t.

The Rebels Of Tijuana

“La Dominicain­e” Le Pop Club/ Ave The Sound/ Echo Orange/ Urgence Disk

Après l’excellent double album “Asile”, les Rebels Of Tijuana reviennent au format court avec un nouveau 25 centimètre­s et quatre morceaux garage. Du Diddley beat de “C’est Immense” au boogie de “Elle Triomphe”, le groupe genevois est en forme sur ce 4-titres.

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