Avishai Cohen
“Big Vicious” ECM
Si ce n’est lui, c’est donc son collègue
contrebassiste. En effet, il convient de ne pas confondre Avishai Cohen, le trompettiste qui nous intéresse ici, avec son aîné et homonyme complet. Les deux sont d’origine israélienne et, depuis quelques années, ils font des étincelles dans le new jazz, un genre caractérisé par l’ouverture de ses frontières, notamment au rock et à la musique électronique. Cohen a déjà une dizaine d’albums à son actif, mais celui-ci est le deuxième avec Big Vicious, le groupe qu’il a formé il y a quelque temps, après être revenu en Israël. Enregistré à Tel-Aviv, “Big Vicious” rassemble onze titres dont trois coécrits avec ses musiciens
(un guitariste, un bassiste et deux batteurs) et deux reprises remarquables. La première est “Moonlight Sonata”, empruntée à un certain Ludwig Van Beethoven, qui n’était pas la moitié d’un sourd ni d’un mélodiste, la seconde est “Teardrop”, un des chefs-d’oeuvre de Massive Attack (sur “Mezzanine”), que les six musiciens font leur avec une insolence teintée de respect pour la meilleure chose que Bristol a générée depuis l’invention du carton d’invitation. Avishai Cohen excelle également dans les plages en pente douce (“Honey Fountain”, “Hidden Chamber”, “The Things You Tell Me”), qu’il dégringole dans le delay et la reverb. Big Vicious et lui ne sont pas moins bons lorsqu’ils tutoient le bizarre (“The Cow & The Calf”, “Fractals”), se la jouent plus rock que jazz (“King Kutner”) ou se complaisent dans une sorte d’ambient que même Brian Eno trouverait déconcertante. Amateur de Miles Davis comme tous les joueurs de son instrument qui se respectent, Cohen le rappelle dans cet “Intent” à base d’harmonies irréelles si fertiles, que le cool pourrait y renaître. ✪✪✪