Cable Ties
“Far Enough” MERGE/ DIFFER-ANT
S’agit-il de l’isolement
géographique auquel est soumis le continent qui donne aux groupes du gigantesque pays ce petit je ne sais quoi en plus, un rabiot de pertinence hardie, qui fait souvent défaut à bon nombre d’artistes américains ou anglais ? Cable Ties est un power trio australien, qui donne tout son sens à l’appellation, emmené par les bons riffs de la chanteuse guitariste Jenny McKechnie, dont la voix qui hurle au-dessus de la mêlée renvoie instantanément à la saine colère de Corin Tucker de SleaterKinney. Soutenue par une rythmique aussi hypnotique qu’inflexible, la batteuse Shauna Boyle et le bassiste Nick Brown, la fougueuse formation de Melbourne délivre une musique pleine de passion. Avec défiance et résilience, chaque chanson avoisine ou dépasse les cinq minutes, prend le soin de monter graduellement en pression, voire de se scinder en deux arrivée au milieu, comme sur “Hope” qui ouvre considérablement l’horizon punk rock proposé par les Ramones, et pose une bonne question en ces jours de confinement : “J’ai de l’asthme quand je cours pour choper le train. Est-ce génétique dans ma famille, ou est-il juste plus difficile de respirer en ce moment ?” Mues par l’idée que c’est la bataille qui compte, et pas nécessairement l’issue, toutes les compositions à l’urgence palpable du deuxième album de Cable Ties rappellent à point nommé que tant qu’il y a de la rage, il y a de l’espoir. Sous un beau collage pictural, “Far Enough” est le genre de disque qui aide à sortir du lit quand on est au bout du rouleau, mais aussi à garder les distances. Allez les filles, la voie est libre. ✪✪✪✪