Rock & Folk

Damaged Bug

- JONATHAN WITT

“Bug On Yonkers” CASTLE FACE

John Dwyer continue de n’en faire

qu’à sa tête. Après l’épique “Face Stabber” sous la bannière Oh Sees l’été dernier, le voici déjà de retour sous son sobriquet de Damaged Bug, à l’origine une échappatoi­re en solo pour explorer son amour des synthétise­urs analogique­s. Cette fois, il s’agit d’un projet bien particulie­r : un disque entier reprenant l’oeuvre méconnue de Michael Yonkers, personnage qui mérite le détour : archétype du weirdo devenu culte avec la parution chez Sub Pop de “Microminia­ture Love” — à l’origine gravé en 1968 — au début des années 2000. Le monde découvrait alors un garage rock bricolé, lo-fi avant l’heure, aux riffs menaçants soutenus par un batteur erratique et hanté par la voix chevrotant­e de Yonkers. Un de ces disques étranges, dérangés, comme “Oar” de Skip Spence. L’homme aux bésicles connaîtra de multiples déboires, dos brisé et opérations malheureus­es, mais poursuivra vaille que vaille avec une myriade d’albums autoprodui­ts. Comme attendu, ce “Bug On Yonkers” a été gravé avec l’aide des suspects habituels : Brigid Dawson aux angéliques harmonies vocales, Tom Dolas aux claviers louches et Nick Murray, aux rythmiques métronomiq­ues. On s’en doute, Dwyer réussit pleinement à faire sien ces onze titres. C’est le cas de l’inclassabl­e “I Tried”, au groove déstructur­é, mais on goûte encore davantage “Lovely Gold”, transformé en virée krautrock hypnotique, avec cruche électrique en renfort, le trépidant “Sold America” et la furie “The Thunder Speaks”, très proches des Oh Sees. Le reste est plus dépouillé, comme l’émouvant “In My Heart”, nanti de violons stridents qui rappellero­nt John Cale, conclusion émouvante à cet hommage excellemme­nt inspiré. ✪✪✪✪

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