Joe Satriani
“Shapeshifting” LEGACY/ SONY MUSIC
Un guitariste qui énerve, c’est
généralement bon signe. Trop bon, trop luisant, pas de cette terre, Joe Satriani n’a pourtant pas la grosse tête. Cachées derrière des lunettes de soleil sans âge, les prouesses techniques du virtuose évoluent depuis plus de trente ans dans un paysage aussi coloré qu’unique. A New York, le six-cordiste a étudié harmoniques, mélodies et joies de l’improvisation aux côtés du pianiste Lennie Tristano, et il a lui-même été prof pour Steve Vai, Larry Lalonde ou Kirk Hammett en Californie. Devant le néon, dans le noir, c’est sous influence Eddie Van Halen/ Jeff Beck que se dessine sa silhouette sur ce dix-septième album solo. Clairement coproduit avec Jim Scott (Tom Petty, Rolling Stones, Ce n’est pas la bonne
pReod cHhoteCthtili Peppers), “Shapeshifting” claque mieux qu’un énième Marvel au cinéma, et renvoie à la vibration new wave de “Flying In A Blue Dream”. Satriani n’a pas besoin de voix, sa guitare chante avant de faire la démonstration de sa dextérité, et il continue à surfer avec créativité et énergie extraterrestre. Avec un supergroupe emmené par la solide frappe de Kenny Aronoff, quelques touches électroniques et un titre inspiré par “Shape Shifter” de Santana, sa musique se situe parfois au croisement du folk malien et du surf rock. Ailleurs, sur “Nineteen Eighty” qui fait référence à son premier power trio californien The Squares, Satch laisse libre cours à sa routine ouvragée, avant de partir boogie ou reggae lors de jams aussi aérodynamiques qu’émotionnelles qui s’écoutent fort. Impossible d’aller se coucher après telle observation du mouvement perpétuel au soleil.
Bien joué, Joe. ✪✪✪✪