Rock & Folk

Lucinda Williams

- STAN CUESTA

“Good Souls Better Angels” HIGHWAY 20/ THIRTY TIGERS

Au début, on se dit qu’on ne va pas

s’en sortir, que tout se ressemble : un son, toujours le même, des mélodies assez linéaires, et la voix incroyable de la dame, de plus en plus éraillée et cabossée... Pourtant, on se retrouve accroché. Il y a dans ce disque quelque chose de lancinant, d’hypnotique, d’absolument fascinant. Pas easy listening pour deux sous. On est loin de la supposée gentille country-folkeuse à jolies chansons qu’on aimait à l’époque d’ “Essence”, en 2001, ce très bel album à la douceur trompeuse produit par Charlie Sexton. Ici, tout est écorché, douloureux, parfois hurlant, avec des saturation­s de guitare un peu partout, et des textes sombres comme peut l’être la littératur­e de ce Sud des Etats-Unis si chère à Williams. Une idée de la noirceur de la chose : elle cite Nick Cave, Leonard Cohen et Bob Dylan comme principale­s influences... Et c’est bon ! Voire cathartiqu­e. Tout est crade, rugueux, parfait, à l’image de ce “Big Black Train”, sinueux et obsédant. Finalement, le qualificat­if un peu trop usé à ses débuts de

Dylan féminine ne semble pas, ici, complèteme­nt à côté de la plaque.

Il y a du “Oh Mercy” là-dedans, une voix râpeuse aux ambiances moites, et une certaine poésie post-beat. Il faut écouter “Shadows And Doubts” ou “When The Way Gets Dark”, comme un écho au fabuleux “Not Dark Yet” de Bob Dylan. Ailleurs, il y a des titres qui cognent dur, à l’image de “Bone Of Contention”, sorte de rock’n’roll qui lorgne du côté de Jon Spencer. Mais, quand on arrive au dernier titre, “Good Souls”, lumineux, avec ses guitares millésimée­s “Sticky Fingers”, on termine sur une belle note d’espoir. Et on y retourne ! ✪✪✪

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