Rock & Folk

David Bowie

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“SPACE ODDITY (2019 MIX)”

Parlophone

Dans une interview vidéo accordée à Gonzaï, Nicolas Godin de Air, explique que si, dans les années 90, plusieurs groupes comme Massive Attack, Portishead, Daft Punk ou Air ont sorti des premiers albums très réussis, c’est parce que, faisant partie de la première génération home studio, ils avaient pu tâtonner, errer, faire des erreurs à l’abri du public, sans que personne n’assiste aux nullités de leurs débuts. Et il ajoute : “David Bowie a dû faire trois ou quatre albums mauvais avant d’arriver à sortir quelque chose de bon,

parce qu’il a tâtonné en public.” La théorie est intéressan­te même si elle n’est pas totalement valable (du Velvet Undergroun­d aux Sex Pistols, ils sont nombreux à avoir sorti des premiers albums parfaits), mais s’applique assez bien à David Bowie, qui semble avoir eu du mal à trouver sa voie : il y eut les premiers singles avec différents groupes mod, puis un premier album épouvantab­le sous influence Anthony Newley, et enfin, ce “Space Oddity”, sorti en 1969, peu de temps après le premier alunissage. Ici, on l’entend réellement tâtonner. Mis à part la chanson-titre, portée par l’une de ces grandes mélodies qui deviendrai­ent sa spécialité, il s’agit d’un album informe et médiocre, typique de son époque, avec harmonica et vague rythme Bo Diddley (“Unwashed And Somewhat Slightly Dazed”, “Janine”, déjà presque glam), ballades oubliables (“An Occasional Dream”) à l’exception de la très belle “Letter To Hermione” et un interminab­le et très mélodramat­ique constat de l’échec du rêve hippie (“Cygnet Commitee”). Tony Visconti est déjà à la production et le grand Paul Buckmaster aux arrangemen­ts. Mais leur présence ne suffit pas à faire de “Space Oddity” un grand album : les chansons n’y sont tout simplement pas assez bonnes et parfois trop alambiquée­s, même si on sent ici et là Bowie essayer de produire une musique très différente de celle pratiquée en 1969 (“Wild Eyed Boy From Freecloud”), ce qui est assez méritoire. Un an plus tard, “The Man Who Sold The World” montrera les premiers signes de sa grandeur et, encore un an après, en 1971, la légende sera lancée avec le formidable “Hunky Dory”. Que de progrès en deux ans...

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