Rock & Folk

Robert Jon & The Wreck

- “Last Light On The Highway”

(Whiskey Myers, Hogjaw), le même discours promotionn­el : l’album serait taillé pour les amateurs des Allman Brothers, de Lynyrd Skynyrd ou des Black Crowes, et illustrera­it la vitalité retrouvée du genre. Rebelote pour Robert Jon & The Wreck, formation créée il y a une dizaine d’années en Californie et dont ce “Last Light On The Highway” est le cinquième album, le troisième en autant d’années. Commençons par les atouts du quintette : un guitariste, Henry James Schneeklut­h, vif et mélodique, pas maladroit non plus en slide ; un chanteur, Robert Jon Burrison, qui, dans ses meilleurs moments (mais pas tout le temps, donc), évoque Mike Farris des regrettés Screamin’ Cheetah Wheelies. La production n’est pas fantastiqu­e, mais on se doute que les gaillards n’ont pas les moyens d’investir les studios de Muscle Shoals, alors passons au véritable juge de paix, les chansons. Ça commence plutôt bien avec “Oh Miss Carolina”, mid-tempo country rock au refrain efficace, et “Work It Out”, plus soul, avec section de cuivres. Ça baisse d’un ton sur le boogie un brin pataud “Can’t Stand It”, puis d’un autre encore sur “Tired Of Drinking Alone”, qui jette une lumière crue sur les limites mélodiques de

tragédie : un coup de grisou qui en 2010 tua 29 mineurs en Virginie-Occidental­e. C’est le sujet d’une pièce de théâtre à New York pour laquelle il a, au départ, écrit la plupart de ces dix titres. Ils sont un portrait en noir et en rouge d’une région qui reste tournée depuis des génération­s, malgré les catastroph­es ou les perspectiv­es bouchées, vers le charbon, où la qui tue John Henry, dans une adaptation du standard folk, est au fond la même que celle de RATM : le duel devient vite celui du capitalism­e débridé contre les syndicats. L’album est bref (moins d’une demiheure), mais suffisamme­nt long pour donner une ampleur mythique, voire biblique, à ces histoires de petites gens. “Devil Put The Coal In The Ground”, et sa tension qui va crescendo jusqu’à un solo explosif, rappellera quelques bons souvenirs aux fans de “Copperhead Road”, la ballade tendre et lugubre “Time Was Never On Your Side” à ceux de l’épure de “Goodbye”.

FRANçOIS KAHN qui fait souvent défaut au genre. La prise de son est à tomber, les guitares sont grandioses, et les paroles d’une justesse rare, à l’image du premier morceau cité, l’un des plus édifiants jamais écrits sur la sobriété. Le songwritin­g américain dans ce qu’il a de meilleur. BERTRAND BOUARD

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France