Rock & Folk

Dylan, Lennon furent des alliés fidèles

Listen Whitey! Sons & Images Du Black Power (1965-1975)

- PAT THOMAS JUILLET 2020 R&F 095

Les Fondeurs De Briques

En 2012, le musicien, producteur et auteur Pat Thomas publia l’impression­nante somme “Listen Whitey! Sons & Images du Black Power (1965-1975)” fruit de longues études et d’une intime connaissan­ce de la culture afro-américaine et de tous ses acteurs, vus par le prisme révélateur du Black Power Party, somme étayée par un corpus complet de rares enregistre­ments de discours et de chansons protestata­ires dont la commune caractéris­tique est bien sûr, la dénonciati­on du violent drame raciste dont souffraien­t et souffrent encore les Etats-Unis. Inutile de préciser pourquoi lire aujourd’hui ce livre paru en français en 2016 est important, l’éducation antiracist­e doit aussi se faire ici et la culture de ces années-là vaut tous les manifestes. D’autant plus que la plupart des Français n’ont alors jamais réalisé l’implicatio­n de stars noires comme blanches dans ce mouvement libérateur. Les musiciens, les écrivains, les poètes débattaien­t, exploraien­t, protestaie­nt en vers comme en musique et cet extraordin­aire bouillonne­ment est ici restitué avec passion et minutie. C’était alors la première fois que des Noirs pouvaient exprimer leur colère et pendant que le Sud se battait encore pied à pied dans le combat pour les droits civiques, le Nord réclamait sa fierté et sa culture et bien sûr, la musique y tenait le premier rang. Gil Scott-Heron, Sly Stone, Marvin Gaye, même la proprette Motown comme le monde du jazz s’unirent contre le racisme et l’impérialis­me pour beaucoup d’entre eux. Dylan, Lennon ou Grateful Dead furent alors des alliés fidèles et contribuèr­ent au discours d’ouverture et de tolérance. Malcolm X, Eldridge Cleaver ou des poètes comme Langston Hugues réveillaie­nt les âmes pendant que les jeunes activistes du Black Power tentaient d’aider concrèteme­nt leurs communauté­s ravagées par le racisme. On sait bien sûr aujourd’hui à quel point cette lutte est encore inachevée et ce livre est le parfait rappel du chemin parcouru et des obstacles immenses que ce combat soulève toujours. Mais avant tout, ce livre est un monument à la culture afro-américaine et à son magnifique et incalculab­le apport à notre culture universell­e et en particulie­r à la musique. Gil ScottHeron croyait que la révolution ne serait pas télévisée, les évènements d’aujourd’hui nous montrent que ce fut peut-être sa seule erreur d’appréciati­on mais notre devoir est de l’entendre, lui et ses pairs et de mettre fin à ce terrible hiver, américain et mondial.

JUILLET 1970 R&F 042

Georgio Gomelsky avait monté le Crawdaddy Club et révélé Rolling Stones, Animals et Yardbirds. Sur six pages bien tassées, il donne une conférence de management divinatoir­e ou de marketing chamanique. A croire que le monde d’alors n’était peuplé que de jeunes consommate­urs de disques, et que le seul paramètre géopolitiq­ue en jeu était la pop. Et ça marche : l’homme est en train de s’améliorer, prédit-il. Sinon, ils les lâchent par deux maintenant, Stevie Winwood et Eric Clapton, qui ont fait partie de Blind Faith, Tom Paxton et Peter, Paul & Mary, oriflammes encore triomphale­s d’un folk qui s’est bien assagi. A Goa, “le hippie respecte l’Indien, l’Indien continue sa vie comme si de rien n’était”. Le reporter voit le bien partout, soufflé par l’utopie réussie de Calangute, une plage qui attire tous les hippies repliés en Inde pour Noël.

JUILLET 1980 R&F 162

Le saviez-vous ? A l’époque, Rock&Folk était partenaire de l’Office jamaïcain du Tourisme et publiait tous les 2 mois un sujet fleuve sur le reggae, la ganja, le foot au couchant et l’homélie rastafarie­nne. Chez Tuff Gong, le label de Bob Marley, on mange sans sel et sans viande, mais on peut boire du coca. Ce rédacteur est marrant. Il s’est acheté un jukebox

et le déifie pendant 5 pages, signalant en passant que Bing Crosby a vendu 45 millions de disques (d’où son surnom). Madness, “le seul groupe prolo qui ne se vautre pas à plaisir dans la déprime”,

n’aspire qu’à faire rire et danser. Il draine malgré lui des grappes de skins qui font flipper un public n’aspirant qu’à rire et danser. Jacno a vu “L’Avare” au cinéma. “Le film, c’est pas terrible, parce que Molière c’est complèteme­nt nul, mais dès qu’il y a De Funès, c’est vachement bien.”

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