Self-service Simon
Tout commence lorsque Tom Wilson a la bonne idée de coller, après coup, une section rythmique sur “The Sound Of Silence” (1965) transformant une obscure ballade acoustique en l’un des cinq titres pop les plus célèbres de tous les temps. Paul saura s’en souvenir en s’appropriant “El Condor Pasa” (1970), du groupe péruvien Los Incas, dont il achète carrément l’enregistrement pour y plaquer sa voix et celle de Garfunkel. Le succès est fulgurant. En 1972, il se paie des sessions avec des musiciens de Kingston, qu’il dirige ici, corrige là, sculptant au fur et à mesure une jam instrumentale efficace sur laquelle il n’a plus qu’à broder a posteriori le texte et la mélodie — irrésistibles — de son premier tube solo, “Mother And Child Reunion”. La même technique (les arrangements joués par d’autres d’abord, la chanson écrite par lui ensuite) sera à la base du carton “Graceland” (1986). Mais le système coince sur la partie US du disque, quand l’accordéoniste cajun de “That Was Your Mother” et les membres de Los Lobos, utilisés sur “All Around The World Or The Myth Of Fingerprints”, exigent des crédits de coauteurs. Vérification faite par avocats interposés, leurs plans sont jugés traditionnels, donc pas éligibles. Simon résumera : “Le songwriting, c’est les paroles et la mélodie. Sinon, je paie les musiciens pour avoir le droit d’utiliser ce qu’ils jouent. C’est la base du métier.” Après la rebelote brésiloafricaine de “The Rhythm Of The Saints” (1990), il reviendra peu à peu à une démarche plus classique, en dehors de “Surprise” (2006), une collaboration avec Brian Eno, crédité pour des “paysages sonores” plaqués sur — ou sous — les chansons. LH