The Flaming Lips
aura toujours moyen de trouver tout un tas de réminiscences avec des titres déjà enregistrés. Cela est vrai mais l’ensemble proposé a tout de même la profondeur requise pour être taxé de bon album. Entre la ballade destroy acoustique “Half-Way, Step Forward” (où Manson analyse à sa façon les petits dilemmes rencontrés par le peuple) et des titres comme “Don’t Chase The Dead” et “Infinite Darkness” où les guitares énormes déboulent de toutes parts, cet album possède l’envergure d’un Messerschmitt 262. JJJJ GEANT VERT
“Ludlow Street”, “Frank & Ava” qui raconte une scène de ménage entre Frank Sinatra et Ava Gardner devant leur immeuble sur la 59e rue, et le très approprié “New York Is My Destination” écrit pour une pièce de théâtre. Jamie Edwards au piano et Jeff Allen à la basse apportent le moelleux nécessaire à la voix de velours de Suzanne. Les versions de “Freeze Tag” et “Cracking”, titres issus de son merveilleux premier album, surpassent ici les originaux. La maturité fait souvent des merveilles. La voix plus posée et un peu plus grave de la chanteuse leur donne une profondeur inédite. Gerry Leonard, qui est également son directeur musical, fait à la guitare un travail d’une grande précision, sans lourdeur et avec goût. “Walk On The Wild Side”, un peu trop jolie et propre, paraît assez anecdotique. Après l’annulation du concert qui devait avoir lieu à La Cigale le 6 mai dernier, cet enregistrement consolera les fans. JJJ
BRIAG MARUANI
“American Head”
Drôle de groupe pour une énième rencontre. Dès le départ, on imaginait qu’avec des chansons comme “Jesus Shootin’ Heroin”, les Flaming Lips ne pratiqueraient pas la chose comme tout un chacun. Quelques trente-cinq ans plus tard, la formation d’Oklahoma City n’a jamais déçu et fait aujourd’hui sa rentrée avec “American Head”, seizième album toujours produit par Dave Fridmann. Désormais composé de sept musiciens tous plus azimutés les uns que les autres, le groupe authentiquement psychédélique publie un nouvel album émotionnel, quelques mois après le projet démentiel sorti sous le nom de Dead Lips, enregistré avec les copines de Deap Vally. Tout peut arriver avec cette attraction unique en son genre qui synthétise en proposant en 2020 le meilleur du nouveau monde. Entre sirènes d’ambulance et meuglements, leur musique continue à grésiller, pleine de mélodies au piano et de majestueuses harmonies qui évoquent parfois les Beatles avec Syd Barrett à la fenêtre. Ça n’est pas tant que les Flaming Lips osent tout, mais surtout qu’ils ne se refusent rien, et ils ont cette fois invité la superstar country Kacey Musgraves. Américain original coincé dans sa bulle, Wayne Coyne se retrouve empêtré dans la bannière étoilée. Derrière sa longue chevelure poivre et sel, le génial parolier à la voix angélique se montre d’humeur mélancolique. Posant illico la question post-Covid sur “Will You Return/ When You Come Down”, apportant même un élément de réponse sur “My Religion Is You”, The Flaming Lips hypnotisent plus que jamais. Passionnant du début à la fin, “American Head” constitue leur album le plus homogène depuis un bail. JJJJ