The Pretty Things
héroïque, le genre de truc à en faire fuir plus d’un. Mais en fait non, ça aussi c’est une fausse piste. On ne sait pas trop à quoi se raccrocher. C’est plutôt bon signe. Ainsi, le premier single, “How Bout It” — accompagné d’un clip réellement magnifique — est une très belle chanson élégiaque. Et finalement, plus qu’une grandiloquence à la U2, ce son nous rappelle de grands oubliés de l’Histoire, les Waterboys de Mike Scott — génie méconnu à redécouvrir. Il y a dans la musique de Delta Spirit ce même souffle, cet appel d’air, qui peut à la fois vous soulever, vous ravir, et vous horripiler. Ainsi, ce titre est complètement gâché par un solo de guitare final absolument atroce. Etrange. Le coup du “succès mondial partout sauf en France” aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. En gros, cet album hésite entre passages sublimes et flashes de mauvais goût. Qui, comme chacun sait, est une notion très subjective. Alors que faut-il en penser ? On hésite. JJJ
“Bare As Bone, Bright As Blood”
Un fauteuil vide dans la grisaille du décor… L’humeur n’est pas à la rigolade. Il est vrai que l’album sort peu après la disparition d’un des deux fondateurs du groupe, Phil May, chanteur, harmoniciste, auteur, illustrateur, décédé le 15 mai dernier à l’âge de soixante-quinze ans, après un accident de vélo. Depuis 1964, avec le guitariste Dick Taylor, il avait dirigé les Pretty Things à travers diverses phases d’évolution stylistique, la plus marquante restant la première, un R&B à l’anglaise, sale, brut, voire viril. En dépit de l’intérêt porté à “S.F. Sorrow”, opéra rock publié fin 1968, les premières amours (le label Chess, Jimmy Reed, etc.) sont revenues dans le répertoire de scène, à la satisfaction des plus anciens supporters. La santé de Phil May devenue inquiétante, un concert d’adieu est donné le 13 décembre 2018 à Londres. David Gilmour et
Van Morrison y participent (voir
“The Final Bow”). Poussés par
Mark St John, manager, producteur
(et batteur occasionnel), Phil May et Dick Taylor s’attellent alors à un exercice nouveau pour eux : un album tout acoustique. Cette formule favorise une orientation plus folk/ americana à laquelle prennent part leur bassiste George Woosey (guitare, composition), ainsi que Jon Wigg (violon) et Sam Brother (banjo). Sensibles à ce qui se fait de plus authentique, ils reprennent des oeuvres récentes, “To Build A Wall” (Will Varley, 2016), “The Devil Had A Hold Of Me” (Gillian Welch, 1998)… Quelle que soit la couleur choisie, leur sincérité est indubitable. Ici, en plus d’une expertise rodée sur scène et en studio depuis cinquante-cinq ans (superbes entrelacs de guitares), l’émotion naît de cette voix fragilisée par l’âge et la maladie, mais qui reste gracieuse et, comme toujours, d’une honnêteté à vous fendre le coeur. JJJ JEAN-WILLIAM THOURY
titres obscurs comme “Les Artichauts”, écrite par Frédéric Botton à l’époque de l’Alcazar (en 1967 sur le EP “H Comme Hippie” !) ou “N comme Never Again”, de Marc Minelli et Pierre Grillet, à l’origine enregistré en 1993 avec Jean-Jacques Burnel... Il y a aussi des chansons plus récentes, dont trois inédites déjà rodées sur scène, souvent dues à la plume de ce même Grillet, mises en musique par François Bernheim. Des vieux de la vieille qui assurent. Mais aussi un duo avec JoeyStarr — très sympa. Dani s’amuse et se fait plaisir. Le résultat est un disque intimiste, très agréable, qui met parfaitement en valeur sa voix grave, parfois chuchotée, toujours ironique. Certaines chansons sont meilleures que dans leur version originale. Dani leur donne ainsi une seconde chance, car pour l’auditeur lambda, tout ici est nouveau. Dommage qu’elle n’ait pas inclus la formidable “Vive L’Enfance” de 1969 qui conclut ses concerts, un véritable chef-d’oeuvre d’émotion. La prochaine fois ? JJJ guitares omniprésentes qui baignent souvent dans une reverb onirique mais sont capables d’éclats acérés. Il excelle dans une pop aérienne et lumineuse caractérisée par des mélodies accrocheuses. Sa douceur combative évite toute uniformisation et réserve bien des surprises sous forme de collages inattendus, dont le très concis “Days Of Salesman” offre une image saisissante grâce son alternance judicieuse de rythmes et de riffs obsessionnels, avec de brèves parenthèses planantes. JJJJ