Rock & Folk

Epoque où les jeunes dansaient encore des slows

-

inévitable avec ses prédécesse­urs, “Goat’s Head Soup”, sans être génial, reste un grand album des Stones, et notamment de la période Mick Taylor, qui est la préférée de nombreux fans (un choix contestabl­e car “Beggars Banquet” et “Let It Bleed” ont été réalisés sans lui). On y trouve une certaine ambiance, différente de celle d’ “Exile...”, le mix est moins boueux, et Jagger y chante à merveille (“J’ai donné tout ce que j’avais sur ce disque”, a-t-il déclaré). Les morceaux rock, à l’exception de “Silver Train”, presque digne de “Rocks Off”, sont corrects (l’inévitable hommage à Chuck Berry, “Star Star”, qui s’intitule en réalité “Starfucker”, “Doo Doo Doo Doo Doo (Heartbreak­er)” ou le très funky “100 Years Ago”. Mais ce sont les ballades, deux en particulie­r, qui brillent. La troisième est celle qui a fait un carton mondial, surtout à l’époque où les jeunes dansaient encore des slows. Il y avait de sérieux gourdins dans les pantalons lorsque Jagger couinait comme c’est pas permis “Ayengiiiie”. Le truc pénible est devenu un classique du genre sirupeux, au même titre que “Hotel California”. Les deux autres jouent quelques étages au-dessus et comptent parmi ce que les Rolling Stones ont fait de plus beau. D’abord, “Coming Down Again”, chantée par Keith et Mick (“She was dying to survive”), avec sa wah wah si délicate, ses sax à la douceur infinie et une ligne de basse de Bill Wyman digne de Paul McCartney (il faudra bien qu’un jour quelqu’un reconnaiss­e quel grand bassiste il fut). Ensuite, merveille des merveilles, “Winter”. Des guitares à la Curtis Mayfield, un solo ultra-fluide de Mick Taylor, puis des arrangemen­ts de cordes qui explosent le morceau.

On n’est pas loin de “Moonlight Mile”, d’autant que Mick n’a jamais aussi bien chanté. Lorsqu’on écoute ce disque, on a l’impression que les Rolling Stones se reposent et se détendent après le pandémoniu­m des années précédente­s. Le succès de “Angie” va asseoir définitive­ment leur statut de stars, surtout après le relatif échec d’ “Exile...”. Ce qui ouvrira grand la porte à l’auto-caricature de “It’s Only Rock And Roll”, album très médiocre, puis de “Black And Blue”, sur lequel il n’y a rien à sauver. Ils retrouvero­nt leur vitalité avec “Some Girls”, excellent, puis sortiront du placard des vieillerie­s pour constituer l’intégralit­é de “Tattoo You” et obtenir un tube avec un morceau très quelconque (“Start Me Up”), presque indigne d’eux. Après cela, le reste ne compte pas… Pour cette édition, les fans ont de quoi saliver : trois titres inédits dont un avec Jimmy Page, des versions alternativ­es, et surtout le mythique live “The Brussel Affair”, qui a longtemps été le bootleg favori des fans avec “Welcome To New York!” (1972). Le groupe y est en pleine forme, Mick Taylor aussi. Après quoi, il ne tardera pas à s’en aller, estimant que ses contributi­ons à la musique du groupe n’étaient pas assez reconnues (Ian McLagan dira la même chose des années plus tard, tout comme

Bill Wyman). Mick et Keith ne partagent jamais…

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France