Elvis Costello
“Hey Clockface”
Elvis is alive! Apparu sur la scène punk l’année où Presley mourait, Costello n’a cessé depuis son formidable album de présentation “My Aim
Is True” de proposer de nouvelles directions musicales, allant de la new wave (“Armed Forces”) à la country (“Almost Blue”) en passant par l’adjonction d’un quatuor à cordes (“The Juliet Letters” avec le Brodsky Quartet en 1993). Là, il est vite clair que l’Elvis à lunettes est très, mais alors très en colère. “Au moins l’empereur Néron avait l’oreille musicale”, balance-t-il ainsi dans le très militant “We Are All Cowards Now” en écho à l’inculture du Néron moderne et américain. “No Flag”, aux arrangements étranges et envoûtants, balance des lyrics percutants, avec notamment cette intraduisible punchline “You may be choking but I don’t get the gag”, soit “Tu étouffes peut-être mais je ne vois pas ce qu’il y a de drôle”, le mot gag évoquant à la fois le manque de souffle et la blague. Citons également “Hetty O’Hara Confidential” et son débit en forme de mitraillette verbale, le plus apaisé “Newspaper Pane” et la superbe balade “They’re Not Laughing At Me Now”. La voix reconnaissable entre mille de Declan McManus est le liant de cette collection de quatorze titres, dont neuf furent enregistrés en l’espace de deux jours à Paris, comme leur auteur le raconte sur son site web. La présence du pianiste des Attractions, Steve Naive, est s’il en était besoin gage de qualité, tandis que deux guitaristes de renom taquinent leur six-cordes sur ce disque de combat, Bill Frisell et Nels Cline du groupe Wilco. Après trente albums, Costello n’a rien perdu de son énergie ni de son talent d’écriture, et “Hey Clockface”, disque énervé, en est une nouvelle preuve. ✪✪✪