Death Valley Girls
“Under The Spell Of Joy”
Ces Filles De La Vallée De La Mort n’en sont pas à leur ballon d’essai : la batteuse Patty Schemel est une ancienne de Hole, et leurs trois premiers albums, outre des premières parties du regretté Roky Erickson, ont suffisamment alerté la truffe d’Iggy Pop pour qu’il apparaisse dans le clip du single “Disaster (Is What We’re After)” — on l’y voyait manger un hamburger en dodelinant de la tête, reprise directe d’un court film de 1982 du Danois Jorgen Leth, où Andy Warhol s’adonnait au même rituel. L’Iguane allait même jusqu’à déclarer à leur sujet qu’elles étaient “un cadeau offert au Monde”. “Darkness Rains”, sorti en 2018, témoignait en effet de leur solide maîtrise du b.a.-ba du garage, très convaincant sur “Wear Black” ou “Born Again And Again”. Ce nouvel album est plus purement psychédélique, en tout cas à ces meilleurs moments. “Hypnagogia”, qui s’ouvre sur un vrombissement continu de basse et d’orgue dont se détachent des flashs de saxophone bardés d’écho, porte bien son titre : l’hypnagogie désigne l’instant qui précède la plongée dans le sommeil, une sorte d’équivalent du fade out cinématographique. “Hey Dena” suit le même sillon en faisant la part plus belle au chant de Bonnie Bloomgarden, une Siouxsie plus hoquetante mais non moins possédée. “The Universe”, peutêtre le meilleur morceau de l’album, le plus cosmique en tout cas, célèbre l’infinie codépendance des êtres sur un fond d’orgue et de saxophone qui fait penser à “The Creator Has A Master Plan”, de Pharoah Sanders. Le reste de l’album, parfois plus pop (“Bliss Out”, très Blondie), voit moins loin sans démériter pour autant. Vous reprendrez bien un peu de fuzz ? ✪✪✪1/2