Jeremy Ivey
“Waiting Out The Storm”
On est immédiatement conquis. Dès le premier titre, “Tomorrow People”, qui interroge les “gens de demain” : “C’est comment là-bas/ Dites-moi ce qui va se passer/ Où en est la menace nucléaire/ Et si c’est bon, le sexe virtuel ? (...) Est-ce que vous lisez toujours de la poésie/ Est-ce que vous vous sentez libres ?” Un texte intelligent et touchant: le meilleur du folk-rock seventies (Neil Young) conjugué au présent. La comparaison avec les Jayhawks est inévitable, sauf qu’ici, il y a un truc en plus. Jeremy Ivey est un sacré songwriter. Ses chansons sont à la fois enthousiasmantes et profondes. Le gars joue direct dans la cour des grands. Ça ne s’explique pas, ça s’entend. Sans doute a-t-il un vécu. En gros, de graves soucis de santé toute sa vie, jusqu’à récemment, où il a attrapé le fameux virus et frôlé la mort. Pour autant, ses chansons ne sont pas déprimantes. Plutôt enlevées même, délicieusement chantées et arrangées. L’album est produit par sa femme — une phrase qu’on n’a pas souvent eu l’occasion de prononcer dans l’ancien monde — qui n’est autre que Margo Price. Quel couple ! Tout est bon sur ce disque, voire parfois exceptionnel, à l’image du single “Someone Else’s Problem”, tout en ironie faussement cynique, qui énumère ce qui ne va pas dans le monde, loin ou près de la personne à laquelle il s’adresse, en concluant à chaque fois : “Mais ce n’est pas ton problème.” C’est bien simple, c’est bon comme du Dylan de la grande époque. Tout de suite les grands mots ? Certes, mais pour une fois, c’est mérité. Fabuleuse découverte. ✪✪✪✪