Rock & Folk

The Avalanches

“We Will Always Love You” MODULAR

- VIANNEY G.

2000 : les Aussies d’Avalanches (Robbie Chater et Tony Di Blasi) publient “Since I Left You”, chant du cygne du mouvement trip-hop, sans doute l’un des disques les plus hors normes d’un genre aujourd’hui qui a bien vieilli. Composé de plus de trois mille cinq cents fragments entrelacés avec une minutie maniaque, ce monstrueux album-Frankenste­in témoignait d’un sens du collage digne des meilleurs Beastie Boys (“Frontier Psychiatri­st”, “Run DNA”). Le caractère proprement obsessif du processus — on songe à ces thrillers où l’enquêteur rendu fou finit entre quatre murs couverts de papiers épinglés — explique l’interminab­le éclipse qui s’ensuivit : seize ans d’attente (Axl Rose est battu à plates coutures) ! Après que l’herbe a donc moult fois verdoyé sortit “Wildflower”, qui montrait une érudition toujours aussi vaste (The Beach Boys côtoyant QOTSA, Harpers Bizarre, du calypso...) au service d’un hip-hop allègre (“Because I’m Me”). L’hubris de leur dernier album “We Will Always Love You” est à peine moins démesuré. L’éclectisme des featurings désarçonne : Johnny Marr et MGMT (sur le même titre !), Neneh Cherry, Karen O, Mick Jones, et une pléiade de mauvais rappeurs.

Le résultat est beaucoup plus electro, et parfois très étrange : qui s’attendait à entendre Kurt Vile sur un spoken word baigné de choeurs world (“Gold Sky”) ? “Oh The Sunn!” chasse sur les terres du dernier Daft Punk là où “The Divine Chord” rehausse le chant d’Andrew VanWyngard­en de cordes disco. Le dossier de presse, très New Age, où Chater et Di Blasi font du sampling une forme de spiritisme musical, ajoute à la fascinatio­n perverse de cette version dance, attachante mais boursouflé­e, de la Divine Comédie. ✪✪1/2

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