Rock & Folk

The Wytches

“Three Mile Ditch” CABLE CODE RECORDS

- VIANNEY G.

Serait-ce enfin la saison des Wytches ? Une écoute distraite amènerait à ranger ces Anglais trop rapidement dans l’immense troupeau garage-psyché. Mais les Wytches (à ne pas confondre avec LA Witch, Acid Witch, All Them Witches, Witch Vomit, Witch tout court, etc.), à défaut d’un nom original, se distinguen­t de leurs congénères par une certaine subtilité. Le guitariste et chanteur Kristian Bell, qui professe son admiration pour la carrière solo d’Alex Chilton et pour Captain Beefheart, est loin du garagiste bas de plafond. Sa voix étranglée et couinante, idéale pour le genre, se débat entre la basse grunge et les breaks et relances perpétuell­ement inventifs de ces acolytes Daniel Rumsey et Mark Breed, dégaines de slackers à faire passer les frères Asheton pour deux macroniste­s. “Annabel Dream

Reader” (2014) et “All Your Happy Life” (2016) étaient loin d’avoir eu la réception qu’ils méritaient, à part chez nos confrères de Gonzaï et des Inrocks (JD Beauvallet parlant joliment d’ “un psychédéli­sme dont on aurait volé les couleurs”), ne serait-ce que pour “C-Side”, “Fragile Male”, “Beehive Queen”, ou “Burn Out The Bruise”. Sans rien perdre de son intégrité, “Three Mile Ditch” creuse le même trou, mais en arrondit les angles. Le chant de Bell est moins hargneux, pas très loin d’un Gaz Coombes sur “Fly Inside”. “Cowboy” s’aventure dans le désert de Josh Homme, suivi par le titre éponyme, hard blues lourd surplombé par une basse qui roule des mécaniques. Surf Doom oblige, “Meat Chuck” offre une caution gothique sans sombrer dans le cartoon psychobill­y. La fin de l’album dessine une ouverture plus pop, avec “Silver Tree”, seul titre acoustique, qui sonne comme un inédit d’ “Opel”. Les Wytches ne sont plus des apprentis. ✪✪✪✪

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