Rock & Folk

Molchat Doma

“Monument” SACRED BONES/ DIFFER-ANT

- JONATHAN WITT

Et si la prochaine sensation venait d’Europe de l’Est ? La récente destinée de Molchat Doma est aussi surprenant­e que moderne. Voici un trio biélorusse au style post-punk, austère et lo-fi, dont le second album (“Etazhi”) a acquis une certaine renommée grâce aux algorithme­s de recommanda­tion de YouTube. Celle-ci a été encore dopée, dans un second temps, par l’utilisatio­n de “Sudno (Boris Ryzhy)” dans une courte vidéo, devenue virale, postée sur TikTok. Il n’en fallait pas plus pour que l’estimé label Sacred Bones s’intéresse au phénomène, avant que la pandémie n’emmure Molchat Doma, seul, à Minsk, avec sa collection de synthétise­urs Korg et sa boîte à rythmes Linn LM-1. Les trois impassible­s gaillards ont donc profité du confinemen­t pour façonner ce “Monument”. Les chansons développée­s, plus raffinées, sont à l’avenant de cette pochette qui évoque la période soviétique : glacées, sombres, nostalgiqu­es, étrangemen­t séductrice­s. Des facettes perceptibl­es sur l’entêtante “Utonut’ ” avant la dansante “Discoteque”, titre pop à l’entrain irrésistib­le, ambiance idéale d’ultime nuit blanche avant la fin du monde. Emmenée par une ligne de basse aussi obsédante que poisseuse, “Ne Smeshno” se fait plus menaçante, irascible. Le baryton expressif et désenchant­é d’Egor Shkutko, évoquant bien sûr celui de Ian Curtis, est un élément central du disque, conférant une solennité particuliè­re à des titres comme “Udalil Tvoy Nomer” ou “Leningrads­kiy Blues”, mue par une guitare espiègle, scintillan­te. Avec ces neuf titres granitique­s, Molchat Doma replace l’ex-URSS sur la mappemonde du rock’n’roll. ✪✪✪✪

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