Dominique A
“Vie Etrange” CINQA7
Comme Herman Dune et bien d’autres artistes, Dominique A a profité du premier confinement pour composer et enregistrer ce qu’il considère comme “une sorte de carnet musical de la période”. Il a entamé la conception de ce nouvel album par la reprise émouvante de “L’Eclaircie”, empruntée à Marc Seberg, l’une de ses références des années 1980, avant d’enchaîner sur des morceaux électroniques, puis d’autres titres portés par la guitare, mais en appliquant toujours la même méthode : improviser des chansons “imprégnées des incertitudes de l’époque” sur des structures simples et concevoir les textes dans la foulée de la musique, contrairement à ses habitudes. Certains morceaux débutent ainsi comme des ébauches, avec un minimalisme instrumental qui place les textes et la voix douce et suave au premier plan : ce dépouillement institue une atmosphère vaporeuse qui va de pair avec un véritable cérémonial vocal cherchant à retranscrire toutes les nuances du chant, loin de tout effet démonstratif. Si l’impact de l’ensemble est atténué par l’uniformité des climats et la prédominance des tempos lents (même s’ils sont en phase avec l’impression de recueillement), l’esthétisme de la plupart des morceaux est assez fascinant, et le chant se révèle souvent d’une beauté bouleversante, notamment sur des réussites flagrantes : les synthétiques “Papiers Froissés” et “Vie Etrange”, où le lyrisme surgit de la retenue, “A La Même Place” et son rythme plus vif, illuminé par un chanté-parlé hypnotique, “Un Endroit Mystérieux” et le charme mouillé de ses volutes harmoniques, ou “Wagons De Porcelaine” et “Les Eveillés”, transfigurés des mélodies insinuantes et des textes à grande teneur poétique. ✪✪✪✪