Rock & Folk

ROCK ’N’ROLL FLASH BACK

Ça ne s’invente pas

- PAR CHRISTIAN CASONI

JANVIER 1971

R&F 48

De Gaulle est mort. Chez Barclay, des ouvriers refusent de presser la chanson “Les Anarchiste­s”. Léo Ferré n’aime plus les gens, ce sont “les pires flics”, ils sont ont “besoin d’un Napoléon. Pour faire la révolution, il faut convaincre les cons.” Pourquoi la pop est-elle bloquée par les médias ? Dynastie Crisis, Triangle, Komintern, Vibration, Red Noise et Martin Circus en débattent. Déjà, “pop music = drogue” = subversion = “répression bourgeoise”. Prendre son pied est-il libérateur ? A quel moment la pop ne ramollit-elle plus et devient révolution­naire ? Que penser d’ “un bon solo de saxo joué par un fasciste” ? Quant à ce reporter, il se sentait bien seul à l’Olympia ce soir-là. Muddy Waters y faisait un four devant 300 personnes. “Comment aimer une musique que l’on n’a pas inventée ? Peut-on aimer quelque chose que l’on ne comprend pas ?”

JANVIER 1981

R&F 168

Feu John Lennon n’était pas là pour la sortie de “Double Fantasy”, l’album enregistré avec Yoko. Il n’avait “rien d’autre à raconter que sa petite vie et ses amours pépères”, et faisait femme au foyer depuis cinq ans, tandis que Yoko “gagnait le pain du ménage. J’étais radical par sentiment de culpabilit­é (au début des années 70). Je me sentais coupable de gagner de l’argent.” Heureuseme­nt, il y a Trust, le “grand frère” des kids de la zone. Bernie le dit avec une conviction pleine de gros mots. Problème : ils emmerdent les municipali­tés de gauche qui les envoient jouer ailleurs si c’est possible. Ian McCulloch maintenant : “C’est une énergie plutôt oblique. – Oui. (Un temps)

Tu as dit oblique ou bleak ? – Oblique. – Oblique et pas bleak. (Un temps) Bleak aussi.” Echo And The Bunnymen est-il “le groupe le plus anémique de sa génération”

JANVIER 1991

R&F 281

Bilan 90. Le groupe de l’année est la Mano Negra et le sex-symbol, Neneh Cherry. “But… Seriously”, de Phil Collins, est le premier album à ne sortir qu’en CD. “Cool”, aucune compilatio­n de Barclay James Harvest à redouter. Rock&Folk passe aux Editions Larivière. Thème du hors-série : “Génération Techno”. Le hard était dans la tombe de l’année 1990 et regardait Caïn. En France, les quatre premiers clous de la damnation avaient été enfoncés par les Variations, Shakin’ Street, Ganafoul et Trust. Les La’s :

“Surtout n’achetez pas notre disque”. Ils conchient le producteur, le mixage, le choix des singles et leur label Go Disc. Pr Griff, viré de Public Enemy pour antisémiti­sme, pâtissier avisé, se revendique africain :

“Naître dans un pays ne fait pas forcément de vous un de ses citoyens. Si on met des chats dans un four, ça n’en fera pas des muffins”.

JANVIER 2001

R&F 401

La nécro du mois se glisse dans l’édito : Rock&Folk “enterre le siècle”. Référendum. Dernier sex-symbol du XXème : Brian Molko (Placebo). Pas de bol, le siècle. Pour paraphrase­r Bono, pas la peine d’acheter “Play”, le cinquième album de Moby, car on peut l’entendre partout, radios, télés, films, pubs, jingles. Il fait bien baver la concurrenc­e. Fatboy Slim et David Gray sont aigres. “Les Anglais n’aiment pas l’idée que l’album le plus vendu chez eux en 2000 soit celui d’un Américain.” Johnny Lydon dit à peu près ça à l’envers : “Les Sex Pistols étaient plus proches de la pop que du rock’n’roll. Le rock’n’roll, c’est Elvis Presley, et Presley ce n’est pas ma culture.” R&F l’a rencontré pour la sortie du film “The Filth And

The Fury”. Il s’en veut d’avoir été Johnny Rotten, personne n’a compris qu’il incarnait un héros positif de la classe ouvrière.

JANVIER 2011

R&F 521

Avant de sortir “Life”, Keith Richards a passé le bouquin au “lippu” pour éviter d’avoir un duel sur les bras. S’il fait le compte, “on s’est engueulé pendant deux ans, on a travaillé dans le bonheur pendant quarante-huit ans”. La réédition d’ “Exile On Main Street” place les Stones en tête des charts anglais pour la première fois depuis vingt-sept ans. Puisque seules les rééditions font encore chanter les tiroirs-caisses, et qu’on a remastéris­é “Band On The Run”, Paul McCartney raconte l’enregistre­ment chaotique de ce qui sera, dit-on, le meilleur album jamais enregistré par un ex-Beatles. Et puis “Michael”. Cette fois, c’est un album posthume de titres inachevés, finis à la truelle pour Noël. “Michael Jackson n’aurait jamais validé un pareil rempaillag­e”, déclare Quincy Jones. Un seul titre à sauver : “Behind The Mask”, qui avait failli atterrir sur “Thriller”.

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