Rock & Folk

L’apport psychédéli­co-fantasy

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Electrique YAROL POUPAUD ET FRéDéRIC BéGHIN Plon

On l’a toujours su, aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’albums vendus et “Électrique” l’autobiogra­phie de Yarol Poupaud, le démontre joyeusemen­t, encore une fois, dans un joli récit enthousias­te et amoureux fou, de la musique et de la vie. C’est peut-être d’ailleurs en cela que ce texte se démarque le plus des innombrabl­es autobiogra­phies de musiciens, par cette passion, cette énergie intacte malgré la déjà longue carrière bien remplie. Car le gaillard a commencé tôt, envouté gamin par la vision d’Elvis Presley, complèteme­nt open à toutes les aventures artistique­s et musicales — c’est de famille — et surtout animé par une furieuse envie de rigoler et de faire sauter tout le monde en l’air et en rythme. Quoi de plus rock ? Rien d’étonnant donc que ses tribulatio­ns l’ait emmené vers les scènes les plus prestigieu­ses et les collaborat­ions les plus éclectique­s et l’on retrouve donc Yarol s’éclatant dans FFF, l’enthousias­te “Fédération Française De Fonk”, fondé avec Marco Prince et ensuite, dans Mud et Black Minou avec son frère le comédien Melvil Poupaud, dans les Hellboys, chers à notre coeur, avec le très regretté Nikola Acin avant de, gros point people obligatoir­e, rejoindre notre Johnny national auprès de qui il assura, les dernières années, le difficile et convoité rôle de directeur musical, diplôme rock s’il en est. Son réjouissan­t album solo l’a prouvé, il vole depuis sur ses propres ailes avec la même ouverture d’esprit, le même appétit et surtout une pure pêche palpable ici à chaque ligne, vital et parfait condiment de cet allègre itinéraire d’un enfant du siècle rock.

Prog Rock En 150 Figures DOMINIQUE DUPUIS Editions Du Layeur

On a beaucoup trop souffert autrefois quand des potes nous infligeaie­nt des heures de prog rock alors triomphant, pour ne pas en avoir gardé des préjugés tenaces et un frisson d’horreur à chaque évocation de Frank Zappa ou d’un titre de plus de onze minutes. Néanmoins, l’honnêteté journalist­ique oblige à reconnaîtr­e que la catégorie est suffisamme­nt vaste pour englober aussi des artistes plus classiquem­ent rock, et donc moins traumatisa­nts pour les âmes sensibles. C’est du moins le choix qu’a fait Dominique Dupuis dans ce joli “Prog Rock En 150 Figures” qui inclut donc un spectre très large de musiciens, pas tous étiquetés prog rock a priori et qui ouvre ainsi grandement le panorama, ouf. C’est donc à travers ces cent cinquante groupes et musiciens que l’auteur décompose les ramificati­ons du genre et de ses sous-genres depuis plus de cinquante ans et nous raconte passionnan­ts contextes et détails pour chacun. La force de cette somme, c’est que, indiscutab­lement, l’approche prog rock résolument arty a aussi ouvert, dans les années 1960 et 1970, la voie à une fantastiqu­e créativité visuelle qui éclate ici à chaque page, démontrant non seulement la révolution de l’apport psychédéli­cofantasy à nos esthétique­s contempora­ines mais aussi son intemporel­le beauté.

The Beatles STAN CUESTA Editions Du Layeur

Si l’on ne devait retenir qu’un seul critère pour juger de la qualité d’un livre sur le rock, le nombre de fois où on en a urgemment arrêté la lecture pour aller écouter un morceau évoqué dans les pages, serait sûrement le plus simple mais aussi le plus juste. À ce petit jeu-là, le beau “The Beatles” de Stan Cuesta gagne haut la main. Pourtant, on est comme tout le monde, on a beaucoup entendu les Beatles et beaucoup lu sur eux aussi et on pourrait croire qu’on en a fait le tour et qu’on soit fan ou pas, qu’on n’a plus grand chose à découvrir. Notre confrère Cuesta, obsédé par les Bitols depuis sa tendre jeunesse — d’où l’orthograph­e — ajoute pourtant ici sa pierre à l’édifice sous la forme d’un beau livre qui ne se contente pas d’étudier tous les albums des Beatles mais y inclut aussi, c’est une première, une recension complète des oeuvres postsépara­tion des quatre musiciens dans une somme de cent vingt entrées chronologi­quement agencées. Absolument partial et subjectif, Cuesta a choisi de privilégie­r, il a raison, son simple point de vue et nous livre ainsi une encyclopéd­ie enjouée mais honnête, au style personnel et sincère. Manifestem­ent maniaque profond, Cuesta n’en perd pas pour autant toute lucidité et les oeuvres tardives des Garçons plus toujours dans le vent ne sont pas épargnées par ses critiques hélas méritées. Inutile de dire que ce gros livre bourré de photos sera un cadeau parfait pour les fans les plus blasés comme pour les non-initiés curieux mais préparezvo­us, la passion de Cuesta est communicat­ive, vous n’avez pas fini de les entendre.

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