Elvis Presley
“THE SUN SESSIONS” Si l’album d’Elvis Presley (1935-1977) chez Sun n’existait pas, il faudrait l’inventer ! C’est ce que se sont dit les pontes de la RCA au milieu des années 1970, vingt ans après l’apparition du phénomène. Produit par Sam Phillips les 5 et 6 juillet 1954, dans son studio du 706 Union Avenue à Memphis, Tennessee, avec Scotty Moore (guitare) et Bill Black (contrebasse slapée), “That’s All Right” marque un tournant décisif dans une histoire brillamment démarrée quelques mois plus tôt par Bill Haley. En reprenant à sa façon cette chanson d’Arthur Big Boy Crudup, poussé par un producteur qui exige originalité, simplicité et authenticité, Elvis invente le rockabilly. “Blue Moon Of Kentucky”, emprunté à Bill Monroe, complète le disque Sun 209, proposé au choix en 45 ou en 78 tours. Une face noire (blues), l’autre blanche (country), on n’a pas fini d’y voir la définition même de la nouvelle musique. D’abord local, le succès est immédiat. Jusqu’à l’été 1955, Elvis, Scotty et Bill, bientôt rejoints par un batteur, Jimmie Lott, puis Johnny Bernero, gravent d’autres merveilles avant de quitter le label indépendant pour RCA. Par définition, une explosion ne s’inscrit pas dans la durée, le premier chapitre de la légende s’écrit en seulement cinq simples, les quatre suivants étant “Good Rockin’ Tonight”, “Milkcow Blues Boogie”, “Baby Let’s Play House” et “Mystery Train”. Les archives Sun, transférées en même temps que l’artiste, permettent à RCA, au fil d’éditions de plus en plus complètes, de révéler des inédits, “Trying To Get To You”, “Harbor Lights”, “I Love You Because”, l’arachnéen “Blue Moon”, “When It Rains, It Really Pours”, etc. D’autres trouvailles miraculeuses, dont les tout premiers essais, “My Happiness”, “I’ll Never Stand In Your Way”, achèvent d’enrichir les volumes consacrés aux premières années. D’une clarté qui les rend insensibles à l’usure, ces morceaux ont révélé celui qui reste à jamais le monarque au royaume du rock’n’roll.