Rock & Folk

Elvis Presley

“FROM ELVIS IN MEMPHIS”

- NICOLAS UNGEMUTH

RCA VICTOR

La notion d’album dans la carrière d’Elvis étant toute relative, l’Histoire retiendra, pour l’éternité, “From Elvis In Memphis”, machin quasi-conceptuel à la cohérence infernale... On connaît l’histoire : de 1960 à 1969, le King s’est discrédité en acceptant le deal de son manager fou, le colonel Parker. Des films, des films et des BOF réunissant, dans le meilleur des cas, un ou deux titres décents. Elvis a disparu des radars et est devenu l’empereur de la ringardise au moment où Beatles, Stones, Beach Boys, Byrds et consorts réinventen­t l’histoire. En 1968, néanmoins, il se révolte gentiment et renaît de ses cendres le temps d’un show télé depuis devenu légendaire. Mais c’est un an plus tard qu’il s’énerve pour de bon ; ce sera la dernière fois. Le Pelvis retourne enregistre­r dans sa ville de Memphis pour la première fois depuis 14 ans. Et choisit comme un grand son répertoire. Sur les conseils de Jarvis Felton, l’un des rares hommes malins chez RCA, le producteur sera Chips Moman et les studios seront ceux, minables, d’American Sound, grands pourvoyeur­s de tubes country-soul en cette fin de sixties sudistes. Une bande de musiciens tueurs rustiques et peu impression­nables vont aider le roi déchu à reconquéri­r sa couronne : en janvier et février, soit en quelques jours, cette fine assemblée gravera des choses fantastiqu­es, réparties sur deux albums. “From Elvis In Memphis”, sorti en 1969, puis sur “Back In Memphis”, publié un an plus tard. La dernière version CD accouple les deux disques, sachant que chacun est aussi fabuleux que l’autre, ainsi que le fameux single “Suspicious Minds”, qu’on ne présente plus. C’est évidemment la version idéale. On ne compte plus les chefs-d’oeuvre issus de ces séances durant lesquelles Elvis est parvenu à surpasser les classiques countrysou­l qu’il aimait tant de son ami Tom Jones : “Inherit The Wind”, “Power Of My Love”,

“In The Ghetto”, “And The Grass Won’t Pay No Mind”, “You’ll Think Of Me”, “Stranger In My Home Town”, “Gentle Of My Mind”, etc, sans parler du chef-d’oeuvre absolu, “Long Black Limousine”. Dans cette chanson où ses talents de chanteur bandent insolemmen­t, l’ancien prolétaire de Tupelo évoque une jeune fille devenue star, revenant des années plus tard dans sa ville à l’intérieur d’une longue limousine noire, “que tous les passants peuvent admirer” : un corbillard pour dernier taxi.

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