Rock & Folk

Au Bonheur Des Dames

- PATRICK EUDELINE

“TWIST” MERCURY

On pouvait ne pas les prendre au sérieux : il y avait eu Sha Na Na, Flash Cadillac & The Continenta­l Kids, Albert et sa Fanfare Poliorcéti­que, sans parler des Wild Angels, Flamin’ Groovies, Roy A Loney ou Crazy Cavan... Et l’Angleterre avait depuis généré Alvin Stardust, Gary Glitter ou Showaddywa­ddy. Depuis 1969, de toute façon, on parlait de rock and roll revival, sans même soupçonner ce qui allait nous tomber dessus. Les années glam, David Bowie et le reste. Depuis Altamont et Charles Manson, en fait. Comme si ces deux traumatism­es fondateurs avaient signé la fin des sixties, du rêve hippie et de la chouette musique qui allait avec. Tout le monde, pour l’instant, écoutait Yes, le dernier Manassas ou pire encore. Alors, cette vague rétro — c’était même le mot consacré — remettait les pendules à l’heure, même si elle apparaissa­it encore comme une farce. Pourtant, aux Halles, la bande des Gazoline ou celle de Ricky Beaulieu et de ses joyeux fifties réhabilita­ient Gloria Swanson, les pantalons de golf en tweed ou les pompes stilettos. Et Frédéric Mitterrand produisait à l’Entrepôt une inénarrabl­e bio de Marilyn avec Marie France (mais quelle est donc cette merveilleu­se petite blonde ?). Tout s’implantait. Avec les premières folles et l’arrivée des drogues dures. Les racines trash. Racines ? Mais on était en France, pays où celles-ci s’appelaient Danny Boy et les Pénitents ou El Toro et les Cyclones. En France ! Encore complexés donc. C’est qu’on ne pouvait pas évoquer Rocky Volcano avec le même premier degré qu’Eddie Cochran. Quelques esthètes façon Vincent Lamy (travesti en Eddick Ritchell) ou Ramon Pipin (lead guitar à complexes) montèrent donc leur petit thé très glitter. Comme un Café de la Gare branché rock and roll, avec un look entre Cockettes de Frisco et la Roxy Music naissante. Au programme : reprises gratinées (“Croque La Pomme”) et originaux marqués par la lecture de Charlie-Hebdo ou de l’histrionne presse gauchiste du temps. L’histoire fit rire, le temps de trois albums et de “Oh Les Filles”, inénarrabl­e hit balloche librement inspiré des Pingouins. Avant de lasser : l’époque était passée. Sur ce, les Dolls envahissai­ent l’hôtel Ambassador et Thunders gerbait son hépatite sur ses invités à son arrivée à Roissy. Cet acte fondamenta­l signait la mort de l’ultra-gauchisme. L’histoire a parfois de curieux raccourcis.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France