Funkadelic

“ONE NATION UNDER A GROOVE” WARNER BROS. RECORDS

Une splendeur, un monument, un classique. Aucun superlatif ne saurait être exagéré lorsque l’on évoque “One Nation…”, chef-d’oeuvre du collectif Funkadelic sorti en 1978. “Free your mind and your ass will follow”, la devise de George Clinton, pilote de ce vaisseau cosmique, qui donna son titre au second album du groupe, s’applique à la dizaine de chansons de ce disque dont le premier choc est visuel : le dessinateur Pedro Bell se surpasse et propose des dessins, fresques et bandes dessinées qui seront l’inspiration première de Snoop Dogg quinze ans plus tard pour la pochette de son séminal “Doggystyle”. Et puis il y a la musique. La chanson-titre, sept minutes trente-trois de rythmes croisés, d’harmonies vocales et d’effets spatiaux, nous ouvre la porte d’un monde magnifique où les notions de funk, de rock et de R&B se combinent en un délicieux breuvage noir et blanc. Qui a dit qu’un groupe de funk ne pouvait pas jouer du rock ? Pas Clinton, puisque dans la chanson éponyme “Who Says A Funk Band Can’t Play Rock?!”, il met en branle une armada de guitares hurlantes, avec dans le rôle du général en chef Mike “Kidd Funkadelic” Hampton, virtuose de la six-cordes et pilier de l’armée des funkateers. Dans le même esprit, on citera “Cholly (Funk Getting Ready To Roll!)”. Le groove irrésistible de la clique Clinton ne faiblit jamais, et il est conseillé d’écouter cet album dans son intégralité tant il représente un voyage auditif dans les brumes du cerveau prolifique et dérangé de Docteur Funkenstein, un des multiples alias de Clinton. Plus tard, les rappeurs se serviront copieusement dans la richesse mélodique de Funkadelic (et de Parliament, l’autre projet de George Clinton plus axé sur les claviers) pour leurs compositions basées sur le sample. Clinton lui-même validera cette démarche, apparaissant dans plusieurs clips de hip-hop signés Dr Dre ou Ice Cube. Initialement vendu avec un EP 45 tours incluant notamment une version live de “Maggot Brain”, “One Nation…” est un disque magique, joyeux, où l’on croise notamment le bassiste Bootsy Collins (transfuge de James Brown), et qui résume à lui seul la folie du P-funk.