Rock & Folk

Siouxsie & The Banshees

- EMMANUELLE DEBAUSSART

“THE SCREAM” POLYDOR

Siouxsie Sioux (Susan Dallion de son vrai nom) et Severin le bassiste, membres du Bromley Contingent, fan-club des Sex Pistols, ont commencé à jouer avec Marco Pirroni, futur Adam & The Ants et avaient comme batteur... Sid Vicious, deux mois avant que celui-ci ne rejoigne les Pistols. Une histoire de routes qui se croisent. Presque de famille. En 1978, après avoir remanié la formation (qui connaîtra toujours quelques fluctuatio­ns au cours des ans), Siouxsie et ses nouvelles recrues (John McKay et Kenny Morris) sortent leur premier album : “The Scream”. Un cri primal produit par Steve Lillywhite. Sous pochette subaquatiq­ue, le disque s’ouvre sur un bref instrument­al, “Pure”, où Siouxsie, très discrèteme­nt, joue de sa voix comme d’un instrument. Qui dévoile en quelques vocalises de multiples possibilit­és mais opte ensuite pour un registre unique : psalmodié avec du coffre, fin de phrase en cri étouffé, une sorte de parler emphatique et linéaire, avec un mot appuyé, un autre jeté en l’air, sorte de tricot nouvelle vague, incantatoi­re, vibrant de mélodies avortées. Un style qui sera caricaturé, notamment en France, par tous les groupes new wave à chanteuse et vaudra à Siouxsie son surnom de grande prêtresse. La musique aussi marque indéniable­ment son époque même si elle se cherche encore, très brute, syncopée, hésitant entre des bases rock’n’roll (“Carcass”) et l’envie de tout déstructur­er, de tout réinventer, allant jusqu’à s’offrir, presque paradoxale­ment, une reprise du “Helter Skelter” des Beatles, complèteme­nt massacré (Siouxsie se rattrapera en 1983 avec “Dear Prudence”). Il y a de bons morceaux mais pas vraiment de tubes. Le premier “Honk Kong Garden”, publié en simple la même année, ne figure pas sur l’album. “The Scream” est néanmoins intéressan­t car il contient en vrac tous les éléments qui seront développés par la suite. Album genèse, il ouvre des portes sur l’après-punk. Première période du son Banshees, il esquisse les bases du son batcave. Il faudra attendre “Kaleidosco­pe” en 1980, le troisième album, pour que Siouxsie exploite à fond toutes les promesses vocales suggérées ici, et l’arrivée de Budgie, un exSlits, apportant du même coup toute une nouvelle gamme de percussion­s, pour que le groupe prenne une nouvelle orientatio­n.

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